«155.000 euros pour expulser des cases illégales, nous n’avons pas les moyens!»

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Sont régularisables les habitations construites 10 ans avant 2007
Des habitations qui ont fleuri peu à peu sur leur terrain

La famille Batrolo possède des terrains bien placés à Kawéni : ils s’étirent du bâtiment Recto-Verso jusqu’au bas du rond point SFR. Il est facilement repérable pour abriter l’un des plus gros villages de cases en tôle du quartier. Lorsque les premières sont sorties de terre il y a onze ans, les propriétaires, deux frères, Hamada et Abdourahamane Batrolo se sont rendus au Commissariat, « on nous a expliqué que c’était une affaire privée », explique un membre de la famille, Moinaecha Hariti, à la tête des Femmes leader.

Sans solution du côté de la mairie, la famille décide de suivre les conseils du commissariat, et d’identifier les occupants illégaux afin de déposer plainte. Ce qu’ils font il y a 5 ans. D’autant mieux qu’ils peuvent prouver d’un titre de propriété, « coté 27 DO Mariage. »

« La décision du tribunal est tombée il y a deux semaines, ordonnant l’expulsion. Mais pour l’exécuter, l’huissier nous demande 500 euros par banga, et il y en a 400 ! Où va-t-on trouver les sous ?! » Car depuis 5 ans, d’autres bangas sont venus s’implanter, une petite piste a même été tracée à mi pente pour faciliter l’accès. C’est que la vie s’est installée peu à peu sur cette pente de Kawéni, et ses habitants vont avoir du mal à comprendre que tout s’arrête soudain.

« 389 euros par banga détruit »

Moinaecha Hariti
Moinaecha Hariti

La famille assure ne percevoir aucun loyer de ces occupants, « par contre, entre eux, certaines sommes circulent, certains se revendiquant propriétaire. »

Et l’arrivée de la taxe foncière n’a pas arrangé les choses : nous payons pour un terrain que nous ne pouvons pas occuper ! » L’huissier leur a fait un petit prix, en descendant à 389 euros par banga détruit, « on aimerait déjà que le sort de 60 habitations soit réglé, mais c’est encore cher », explique-t-elle sans solution.

C’est pourquoi elle a convié les médias ce lundi. En envisageant déposer plainte contre l’Etat pour avoir toléré cette présence illégale au fil des années, « si certains ont été régularisés depuis, beaucoup sont encore en situation irrégulière. »

En contre-bas, sur le chemin qui mène aux habitations visées, des grands ados sont postés et font le signe de trancher la gorge en direction de la famille, « ce sont les parents qui les envoient », témoignent-ils.

Il y a quelques jours, un barrage fait de poubelle enflammé était érigé de nuit dans cette montée Sogea par laquelle il devient difficile de transiter le soir.

A.P-L.
Le Journal de Mayotte

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