Les matériaux mahorais jusqu’à trois fois plus chers

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Mahamoud Azihari, le directeur général de la SIM (Société immobilière de Mayotte) présente le nouveau séminaire Maydev
Mahamoud Azihari, le directeur général de la SIM (Société immobilière de Mayotte) présente le nouveau séminaire Maydev
Mahamoud Azihari, le directeur général de la SIM présente le nouveau séminaire Maydev

On savait que les coûts de constructions et d’aménagements étaient nettement plus élevés à Mayotte qu’en métropole ou à La Réunion. On dispose maintenant, grâce aux études dévoilées lors du séminaire Maydev* organisé par la SIM, de chiffres précis. Et ils sont tout simplement stupéfiants.
Comparés aux autres DOM, Mayotte ressort systématiquement au-dessus de la moyenne des coûts de construction aussi bien pour des logements privés que pour des logements sociaux. Le phénomène est d’autant plus inquiétant que l’ensemble des normes, des réglementations, des taxes et des assurances, qui vont renchérir encore les coûts, ne s’appliquent pas encore dans le 101e département.
Une des raisons à ce phénomène : le prix des matériaux. Et ce sont les acteurs locaux du secteur qui sont montrés du doigt. Trop peu de concurrence voire des situations monopolistiques permettraient aux distributeurs mahorais de pratiquer des marges au-delà du confortable. Un cabinet d’étude a estimé, par exemple, que le prix du Placoplatre passerait du simple au double entre sa sortie des douanes et son arrivée dans les rayons. 100% de surcoût que les seuls coûts de stockages ou de publicité ne sauraient expliquer.

Un gymnase à 9 millions d’euros !

Mais ce sont les prix des matériaux produits localement qui ont stupéfait l’auditoire. Le directeur des aménagements de la SIM, Faïz Subra, a comparé les prix pratiqués dans la région de Toulouse aux résultats des appels d’offre lancés pour la ZAC Soleil Levant. Les matériaux mahorais ressemblent à des produits de luxe : +203% pour le grave bitume, +130% pour un enrobé de routes, +148% pour les remblais, +148% pour les bordures de voiries… et la liste pourrait continuer encore longuement. Là encore, plus de concurrence réduirait vraisemblablement l’ardoise. L’enrobé des routes en est la preuve. Il y a trois ans, il revenait à 300€ la tonne avant que l’arrivée d’un nouvel acteur (IBS) ne ramène le prix à 180€ la tonne.
Ces prix font naturellement exploser les coûts d’aménagements avec comme première conséquence la réduction du nombre d’opérations réalisables. Au moment où les besoins en logements et en infrastructures de Mayotte sont très importants, c’est tout le développement du département qui est mis en péril en même temps que sa crédibilité. Le responsable des appels d’offre de la SIM témoigne de l’incrédulité de ses interlocuteurs parisiens lorsqu’il est allé solliciter des subventions pour un gymnase dont le coût était estimé à… 9 millions d’euros ! « Il est destiné aux émirs du Qatar votre gymnase ? » lui a-t-on demandé.
RR

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