Comment (re)lancer la productivité de la main d’œuvre à Mayotte ? Une question qui ne laisse personne indifférent et qui a été longuement débattue lors d’une journée d’échange organisée par la Société Immobilière de Mayotte (SIM).
Il y a le langage diplomatique qui s’interroge sur la productivité décroissante de la main d’œuvre mahoraise du bâtiment, et la réalité crue, énoncée par Kadafi Attoumani, d’OPCALIA : « il faudrait un Syndicat du bâtiment fort pour les Très Petites Entreprises, qui organise des plans de formation et soit capable de dire à un de ses adhérents : ton travail est nul! »
Les professionnels du bâtiment étaient réunis ce jeudi 19 septembre à l’hôtel Sakouli à l’invitation de la SIM lors du MayDev 2013 pour débattre de la maîtrise des coûts de construction et d’aménagement à Mayotte. (« Les matériaux mahorais jusqu’à trois fois plus chers »)
La productivité de la main d’œuvre et des délais de réalisation était le thème d’un des ateliers. « La compétence professionnelle nécessite une formation initiale et continue que les entreprises doivent anticiper » rappelait Jacques Delaunay, de la Dieccte. Un besoin qu’elles ne connaissent pas elles-mêmes et pour plusieurs raisons : « elles n’ont pas de trésorerie pour financer les salaires du personnel en formation, un personnel qui n’est, en outre, pas stable dans l’entreprise ».
Fédérer les moyens des « petits »
Il faut aussi replacer leurs difficultés dans le temps : jusqu’en 2002, la SIM construit à tour de bras, puis c’est l’arrêt. « Les petites entreprises qui avaient des carnets de commandes remplis ont été obligées de licencier et n’ont pas osé former de salariés » plaide M. Ben Kamardine. Et le manque de lisibilité continue, surtout en matière de commande publique : « nous avons affiché en 2012 un programmation très optimiste pour 2013. Ainsi des projets de grande envergure à 2 ou 3M€ n’ont pas été réalisés et ont nui à la bonne gestion de la main d’œuvre même chez les gros » indiquait un professionnel du secteur.
Le marché du BTP est composé de trois majors à Mayotte, la Colas, SMTPC et GTA, et de 1300 TPE enregistrées au répertoire des entreprises, « qui n’ont pas toutes une réalité économique. Comment mobiliser les plus actives, les inciter à se fédérer pour mutualiser les outils de travail et la main d’œuvre qualifiée ? » s’interrogeait Thierry Pece, ATOL. Une structure coopérative serait la solution pour planifier les carnets de commandes et commencer à se professionnaliser pour répondre à la garantie décennale. Mais le tableau se noircit : « nous n’arrivons pas à Mayotte à mutualiser nos moyens ! » s’exclamait un intervenant. « Ces entreprises où le foundi pense encore posséder le savoir n’ont pas su prendre le train en marche, elles vont mourir une à une ».
Une issue se dessine pour les TPE, la mise en place par la SIM et la Dieccte d’un Centre de gestion agréée pour aider les micro-entreprises (moins de 80 000€ de chiffre d’affaires) à s’adapter à la garantie décennale, « avec la délivrance de carte d’artisans et de maîtres artisans » conclut Jacques Delaunay.
A. P-L.
[…] du Maydev organisé par la SIM l’année dernière, on évoquait le manque de productivité des petites entreprises du […]