L’illettrisme, LA cause nationale de l’année 2013, qui s’appauvrit lorsqu’elle touche Mayotte… et les actions sur le terrain s’en ressentent.
C’est la grande cause nationale de l’année 2013, « un enjeu majeur de la réussite éducative » pour George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la réussite éducative, qui rappelle l’objectif de l’article 5 de la loi sur l’école votée par le Parlement, « l’illettrisme est un fléau que le gouvernement et la majorité souhaitent combattre à bras le corps ».
En métropole, 4% des jeunes sont en situation d’illettrisme, qui les met en échec puisque, bien qu’ayant été scolarisés, ils ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur les situations de vie quotidienne. A Mayotte, sur les 75% d’enfants en difficulté de lecture, 44% sont touchés par l’illettrisme. Ces chiffres sont issus de l’étude effectuée lors des Journées « Défense-citoyenneté ».
L’île semblait être la cible d’une opération de grande envergure il y a deux ans, et ce n’est que le silence gêné qui avait entouré l’évaluation chiffrée demandée de l’illettrisme par le ministre de l’Outre-mer d’alors, Marie-Luce Penchard, qui avait pu laisser entrevoir les manquements dans ce domaine à Mayotte. Et de fait, aucun budget n’est dédié à cette cause !
Non que les besoins soient faramineux en terme de diagnostic, et l’Education nationale met en place des actions notamment à travers l’opération « plus de maîtres que de classes » en primaire, ou la formation des enseignants. Mais lorsqu’il s’agit d’accompagner les familles vivant dans l’exclusion, les associations se retrouvent bien seules… L’Ecole des parents, qui œuvrait dans l’apprentissage de base du français auprès des adultes, fut d’ailleurs la première à en payer les pots cassés.
Le financement, l’alpha et l’oméga de la lutte contre l’illettrisme
Un formateur doit venir à la demande de la délégation de Mayotte de Caritas France/Secours Catholique du 14 au 18 octobre, puis du 3 au 7 mars 2014, pour former les bénévoles de son Centre d’enseignement de savoirs de base Nyamba. Josian Labonté, formateur et responsable du programme d’alphabétisation fonctionnelle, « a en effet développé une méthode d’alphabétisation fonctionnelle qui a fait ses preuves depuis plusieurs années » indique Christophe Vénien, délégué de Caritas secours catholique Mayotte.
Plusieurs associations de l’île se sont déclarées intéressées pour cette formation qui va coûter 7 700€, pour 20 stagiaires. Sylvie Especier, sous-préfète en charge de la Cohésion sociale et de la jeunesse, déplore le manque de budget pour accompagner ces initiatives. Des Assises de l’Illettrisme sont en projet, « mais j’attends avant tout les données actualisées de l’INSEE sur le taux d’illettrisme à Mayotte ». Des informations, qui doivent également préciser la proportion de population en situation irrégulière à Mayotte, que l’INSEE avait annoncées pour la fin de l’année mais qui seraient reportées au début de l’année 2014…
Ce retard impacte également la mise en place des Contrats Urbains de Cohésion sociale (CUCS) qui doivent prioriser les communes en difficulté, notamment dans le domaine de la lutte contre l’illettrisme.
A.P-L.