Alors que les questions foncières font l’actualité, avec l’annonce de la création d’un établissement public dédié à la question (voir article), un documentaire aborde la question du sol sous un angle original. « Mayotte, quand l’agriculture sort de terre », diffusé ce samedi 5 octobre sur KTV à 20 heures, a souhaité aborder les nombreuses problématiques liées à l’exploitation de la terre à Mayotte.
« En janvier 2014, personne ne sait quelles seront les répercussions de l’instauration des taxes foncières, explique Klervi Le Cozic, la réalisatrice du film. C’est un sujet essentiel. Est-ce qu’on va assister à la remise en cause de l’agriculture familiale avec des petits paysans qui ne pourront pas payer et seront contraints de vendre ? »
La journaliste est allée à la rencontre de Fatima qui a reçu en héritage de sa mère, comme les générations précédentes, le lopin de terre qu’elle cultive pour nourrir sa famille. Elle détient désormais un titre de propriété, mais mettre son patrimoine à l’abri est un risque : compte tenu de son niveau de vie, il est évident que des impôts trop élevés pourraient la contraindre à céder sa parcelle sans savoir si elle pourra continuer à l’exploiter. Et les « 2300 agriculteurs » mahorais sont dans le même cas, rappelle le film.
Coût des matières premières et du matériel, taille des exploitations, professionnalisation du métier, d’Hajangua à Dziani, du Choungui à Coconi, le documentaire permet de découvrir plus largement toutes les questions auxquelles est confronté le monde agricole de Mayotte sous un angle humain. « Il y a si peu de choses qui se font. Tout est encore à construire, rappelle Klervi Le Cozic. C’est passionnant de voir des gens tenter, malgré toutes les contraintes, de prendre les choses en main pour faire naître ce secteur et essayer de l’organiser. »
L’équipe a travaillé plus d’un à la préparation de ce film de 26 minutes. Le montage est achevé depuis la fin du mois de mai. Depuis, la réalisatrice ne peut s’empêcher de continuer à suivre le sujet. « Ce qui est très déconcertant, c’est que personne n’est en mesure de dire quel est l’avenir du secteur agricole mahorais. Pas même les politiques. » A peine 3% des denrées consommées à Mayotte sont produites sur place rappelle le film. L’enjeu est donc autant humain qu’économique.
RR
« Mayotte, quand l’agriculture sort de terre » de Klervi Le Cozic et Vivien Chareyre est également disponible gratuitement en cliquant (ici).