La violence sur les femmes s’affiche à nouveau

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La campagne d’affiches géantes avait marqué les esprits en 2012 sur la Place de la République. Elles témoignaient toutes, à visage découvert, de la violence contre les femmes. Rééditées, leur impact aurait besoin d’être évalué.

Moinaecha Noéra Mohamed et Lima Wild partenaire pour cette campagne
Moinaecha Noéra Mohamed et Lima Wild partenaire pour cette campagne

Pour préparer la journée de violences faites aux femmes du 25 novembre, et dans la continuité du Protocole du même nom, la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DJSCS) a choisi de réimprimer une série de 300 affiches où jeunes et vieux, mahorais(e)s, mzungus (européen(ne)s) ou comorien(ne)s témoignent. Elle était le clou de la journée de 2012 sur le thème « Ne laissez personne vous abîmer ».

Certains des hommes ou femmes qui ont ainsi prêté leur image sont connus, Moncef, Gilles, Sandati, Jeff Ridjali, d’autres pas, Bourdati, Halima, Jane…  Ils ont tous été témoins ou victimes de violences, « un jour en voiture, un ami a frappé sa femme enceinte » témoigne Sandati, « pourquoi certains hommes trompent-ils leur femme qui se sent alors dévalorisée », « j’avais 9 ans et à l’école coranique on m’a frappé pour rien » témoigne Lima Wild, partenaire de la campagne avec son association « S’Apromay » de promotion de Mayotte.

Les affiches s’approprient les murs de la Caisse d’allocations familiales, de la Caisse de Sécurité sociale, du Comité départemental de l’accès au droit, de l’Unité d’Action sociale du Conseil général, de l’Association pour la Condition féminine et des violences faites aux femmes (ACFAV) ou de Tama, les structures signataires du protocole, et prochainement dans les mairies et autres lieux publics comme les établissement scolaires.

Le tableau de bord de la douleur

Un jeu de petites cartes informatives sera proposé dans tous les établissements d’accueil du public. Il incite à la réaction les victimes de violence dans le couple, physiques, mais aussi psychologique (privation d’argent, insultes, dénigrement) ou sexuelles (rapports forcés). Les numéros de téléphone d’urgence, médicaux ou de conseil juridiques y sont notés, ainsi que le gratuit 5555.

La DJSCS bénéficie donc d’un budget État, «de 150 000 euros pour la cause des femmes, notamment par le biais de subventions versées aux associations», dont 3 000€ ont été utilisés pour les affiches. Un budget conséquent pour un impact qui n’a pas été évalué : « nous avons décidé d’établir un tableau de bord en chiffres » signale Moinaecha Noéra Mohamed, chargée de mission au droits de femmes à la Préfecture. Selon elle, à la suite de l’exposition de l’année dernière, les appels ont explosés. Mais une évaluation de la population touchée semble inévitable, du vecteur-affiche utilisé, de même que la capacité d’y répondre.

En effet, une étude métropolitaine effectuée par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a constaté que, malgré les campagnes de sensibilisation, les victimes de violences conjugales ne semblent pas diminuer et pour cause, « sur 400 000 femmes battues chaque année, seules 10 065 condamnations ont été prononcées ». Autre conclusion, les femmes les plus pauvres sont les plus touchées. Les particularismes mahorais mériteraient une étude poussée de ce type.
Anne P-L.