Mayotte-Lampedusa : même combat pour une solution

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Interception d'une embarcation en provenance d'Anjouan

Le naufrage des migrants vers Lampedusa a rencontré un écho médiatique justifié, qui rend assourdissant le silence qui entoure ceux, nombreux, qui sombrent entre Mayotte et Anjouan. Loin de la polémique, la recherche de pistes doit être commune.

Intervention de la PAF remorquant un kwassa
Intervention de la PAF remorquant un kwassa

« Des familles entières, entassées par des passeurs peu scrupuleux sur des embarcations surchargées menaçant de sombrer dès que la mer devient mauvaise »… un nouveau naufrage de kwassas kwassas (barques) en provenance d’Anjouan (Union des Comores) ? Non, c’est la tragédie des migrants vers l’île italienne de Lampedusa qu’évoque toute la presse nationale.

Le naufrage de l’embarcation qui les transportait aurait fait 300 morts. C’est en moyenne, le nombre de noyades qu’engloutit le bras de mer entre Anjouan et Mayotte en deux ans, soit, depuis l’instauration du visa Balladur en 1995, entre 2000 et 3000 morts ! Et aucun média national pour s’en émouvoir. La polémique entourant le rattachement de Mayotte à la France n’est sûrement pas étrangère à cette autocensure.

L’arbitrage porte sur l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation qui imposerait une Mayotte intégrée dans l’Union des Comores, et donc plus du tout sujette à l’immigration, et la revendication du droit des peuples à disposer d’eux mêmes, en l’occurrence les Mahorais, qui ont choisi à 95% de devenir français. Nous n’entrerons pas dans ce débat qui pollue la mémoire des morts.

Des solutions à portée de main

« Une île pleine de douleur qui porte le poids de l’indifférence du monde » affiche une banderole à Lampedusa. Mayotte est aussi cette île.

Les moyens de lutte sont conséquents et les coûts direct et indirect de l’immigration clandestine pour Mayotte avaient été chiffrés à 50M€ par an par un ancien préfet. Sont-ils une solution pérenne ? Non, estime à juste raison le site Mer et Marine, « elle se trouve d’abord dans les pays d’où partent les migrants ». Soit l’Erythrée, la Lybie et la Tunisie pour la migration vers Lampedusa, et l’Union des Comores, et en particulier Anjouan pour Mayotte.

Or, la coopération régionale se fait mal, au compte goutte, est détournée, saupoudrée sur telle ou telle action… une sorte de bonne conscience, au lieu du suivre un plan coordinateur.

Des acteurs mahorais ont des solutions pourtant, ils ne sont pas entendus. Une coopération professionnelle avait été prônée par Alain Christnacht, conseiller d’Etat en visite à Mayotte… elle n’a rien donné car mal pensée : c’est un gendarme mzungu (européen) qui intervient à Moroni comme officier de liaison, et aucune coopération technique en binôme Anjouanais-Mahorais aptes à appréhender la situation locale, n’a été mise en place, ni dans le cadre policier de lutte contre la délinquance, ni économique, ni médical… seuls les pompiers en ont compris l’enjeu.

Les autorités françaises et italiennes ont appelé l’Union européenne à se saisir du problème… de Lampedusa. Et de Mayotte ?

Anne P-L.