Police : la « trahison » des impôts

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Le mouvement de « grande colère » des policiers ne faiblit pas. Même si un syndicat s’est retiré de l’intersyndicale ce matin, les policiers continuent de s’opposer à la fiscalisation de la prime d’éloignement déjà perçue. Faute de droit de grève, ils protestent à leur manière.

Les représentants syndicaux des policiers de Mayotte n’en reviennent pas. La volonté du gouvernement d’imposer leur prime d’éloignement a libéré de façon assez inattendue la parole. « Dans mon bureau, les collègues viennent partager leur détresse. Certains vivent de vrais moments de panique. J’en ai eu qui n’ont pas réussi à retenir des pleurs en m’expliquant que leur banque n’acceptera jamais de leur faire un crédit pour payer des impôts » nous confie un syndicaliste qui chiffre à 10.000 euros par fonctionnaire les sommes moyennes qui pourraient leur être réclamées par le fisc.

Pour les syndicats de policiers (Synergie, Alliance, UNSA ou le SNAPATSI qui regroupe les agents administratifs et techniques), le sentiment actuel des fonctionnaires peut se résumer en un mot : « trahison.» Tous sont venus à Mayotte sur une base précise : missions, durée de la présence, organisation des congés, indemnités et fiscalité sont autant de données qu’ils avaient acceptées.
Le projet du gouvernement d’imposer une prime d’éloignement déjà versée vient donc changer la donne. « Il y a un véritable problème moral, nous confie un représentant d’un syndicat d’officiers. Nous sommes dans une fonction publique où nous sommes chargés de faire respecter la loi. Nous travaillons dans un département où les gens apprennent la rigueur de la loi républicaine et l’Etat nous dit, les règles, on les change quand on veut. Ce n’est pas acceptable. »

Prendre un crédit pour payer ses impôts

Beaucoup de policiers, venus de métropole ou des autres DOM, envisagent de travailler à Mayotte pour percevoir une prime qui leur permet, le plus souvent, de financer des investissements immobiliers importants. Et certains d’entre eux vont se retrouver avec le couteau de la banque sous la gorge. « Le plus grave, c’est que des collègues qui ont quitté Mayotte au début de l’année vont être eux aussi imposés. »

Les policiers n’ont pas le droit de débrayer. Seuls, les agents administratifs de la police peuvent lancer une grève. Alors, les policiers organisent des actions plus subtiles : arrêts maladies, refus d’utiliser des véhicules dégradés… les moyens pour faire entendre leurs doléances peuvent être nombreux. « Nous continuons à travailler, explique un fonctionnaire sur le terrain. Simplement, nous savons tous que le système fonctionne parce que nous sommes très souples avec l’application de nombreuses réglementations. Il suffit que nous appliquions strictement la loi pour que le système se grippe. » Les conséquences concerneraient surtout les reconduites à la frontière et elles pourraient se lire, si le mouvement s’installe dans la durée, dans les statistiques à la fin de l’année… de quoi faire réagir le ministère.

Espoirs de solution

Pour autant, les syndicats de policiers sont unanimes, ils n’aiment pas du tout l’idée d’être assimilés à des gens qui bloquent le fonctionnement de l’Etat. Si à l’heure actuelle, aucun rendez-vous n’est fixé avec le gouvernement, ils soulignent leurs espoirs que les ministères (outremers, intérieur et surtout finances) les entendent. « Un projet de loi de finances, c’est un texte qui peut évidemment être modifié en amont mais aussi amendé pendant sa discussion. Et comme il est prévu pour la fin de l’année, les choses pourraient évoluer d’ici là. »

Seule ombre au tableau de ce mouvement unitaire, le retrait, ce matin, du syndicat SGC FO de l’intersyndicale. L’organisation qui représente essentiellement les fonctionnaires mahorais ne souhaite plus s’associer à un mouvement qui concerne principalement les fonctionnaires en provenance de métropole et des autres DOM.
RR