Visite ministérielle : les syndicats en prime

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Le ministre des outremers Victorin Lurel est arrivé ce samedi 19 octobre à Mayotte, pour une visite de deux jours, en compagnie du commissaire européen Johannes Hahn. Les syndicats de la fonction publique sont venus les accueillir pour réclamer l’abandon du projet d’imposition des primes d’éloignement. 

« L’État abuse de notre confiance », c’est sur ce mot d’ordre que la plupart des syndicats de la fonction publique se sont réunis samedi matin à l’aéroport de Dzaoudzi pour accueillir Victorin Lurel. Le ministre des outremers est en visite à Mayotte jusqu’au dimanche 20 octobre, en compagnie du commissaire européen Johannes Hahn, présent dans le cadre de l’accès du département au statut de région ultrapériphérique de l’UE, dont la 19e conférence se tenait à la Réunion du 16 au 18 octobre.

Thierry Wuillez (SNES) remet le tract de revendications de l'intersyndicale au minstre
Thierry Wuillez (SNES-FSU) remet le tract de revendications de l’intersyndicale au ministre

Les syndicats, présents sur le parvis de l’aérogare à la descente d’avion du ministre, demandent l’abandon d’une disposition du projet de loi de finances prévoyant l’imposition, pour les revenus 2013, des primes d’éloignement dont bénéficient les fonctionnaires venus exercer pour un temps limité à Mayotte. Un front intersyndical s’est créé sur la base de cette revendication jeudi 17 octobre, réunissant un large spectre des métiers de la fonction publique. Des syndicats représentants les magistrats, policiers, enseignants, personnels hospitaliers sont signataires. « On voudrait qu’il y ait des mesures transitoires qu’il n’y ait pas d’impact sur les personnels déjà en place », explique Pascal Serra, de l’UNSA-Police.

Refus de revenir sur le principe de l’imposition

Interpellé, le ministre s’est refusé à revenir sur le principe de l’imposition, prônant l’application du droit commun à Mayotte. « En devenant département, la population a choisi d’être pleinement intégrée », note le ministre relevant des comportements qui lui semblent contradictoires dans le 101e département : « certains demandent d’aller plus vite d’autres demandent d’aller moins vite ».

Victorin Lurel, qui s’affiche en pourfendeur de la langue de bois, inclut Mayotte dans les efforts budgétaires engagés par le gouvernement. « Il faut dire la vérité aux gens, la période est compliquée, il y a des économies à faire. […] On demande à tous les Français des efforts. »

Les syndicats partagent cette position. Pour Thierry Wuillez, co-secrétaire général du SNES-FSU et un des portes-parole de l’intersyndicale, « nous ne remettons pas en cause le fait de payer l’impôt, mais les collègues sont partis sous cette condition particulière de non-imposition de la prime d’éloignement, il est injuste de revenir dessus aujourd’hui ». Entraîné aux passes d’armes après deux jours de visite à La Réunion, le ministre n’a pas hésité à entrer dans la partie de ping-pong.

« L’Etat, lui-même, a des problèmes »

« Vous êtes partis sur la base de ce qu’on vous a dit, mais entre-temps, l’État lui-même a des problèmes ». Même s’il n’est pas décisionnaire final sur le dossier, Victorin Lurel a concédé que sur la « gradation, il faut trouver le meilleur équilibre », laissant un entrebâillement de porte ouverte à un nouveau calendrier de l’imposition des primes. Le projet de loi de finances a été présenté en Conseil des ministres, le 25 septembre dernier et doit être voté avant la fin de l’année par le parlement.  Côté syndical, on déplore la rupture du contrat moral passé entre l’État et ses fonctionnaires venus travailler à Mayotte. « Nous demandons un moratoire sur la fiscalisation des primes  jusqu’en 2017 » revendique Frédéric Muller, co-secrétaire général de la FSU.

Madi M’Colo, secrétaire général FO Mayotte demande, « plus de concertation » sur ce dossier. Victorin Lurel lui répond, bravache, que c’est « l’ADN du gouvernement ».

En guise d’au revoir, le ministre des outremers, toujours accompagné du commissaire européen, a enjoint aux syndicalistes de « ne pas bloquer les routes ». Une remarque prise avec étonnement par ces fonctionnaires, dont certains en poste depuis 2011, ont été bloqués dans leur travail et leurs déplacements lors du mouvement contre la vie chère d’octobre  2011. Une journée « d’actions » de l’intersyndicale est prévue mardi 29 octobre.

Axel Lebruman