Le ministre des Outre-mer Victorin Lurel et le Commissaire européen Johannes Hahn ont eu droit à un déjeuner didactique au BSMA ce samedi : une sous-qualification des demandeurs d’emploi pour une sous-dotation européenne de Mayotte.
C’est désormais une certitude : la dotation forfaitaire de 200M€ allouée à la France n’est pas une décision du Conseil européen. Cela nous a été confirmé par la délégation de Johannes Hahn. Si ce n’est l’Europe, c’est donc l’Etat français, qui a ainsi baissé la garde. Les déclarations de Victorin Lurel à l’Intersyndicale de fonctionnaires l’attestent : « la période est compliquée », l’Etat doit faire des économies. Or, l’Europe n’octroie ses crédits qu’en fonds partagés, en complément des financements nationaux… plus l’enveloppe est élevée (elle devait se monter à 475M€) plus l’Etat doit mettre la main à la poche…
Mais dans ce cas, on peut dire clairement que Mayotte a été sacrifiée, puisque les budgets des autres Régions européennes ultrapériphériques françaises que sont La Réunion, la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et Saint Martin, n’ont pas été amputés. A titre d’exemple, La Réunion devrait bénéficier d’une enveloppe dépassant les 1,9 milliards d’euros.
La raison la plus fréquemment invoquée pour expliquer le faible pécule européen pour Mayotte est l’incertitude de consommation des crédits octroyés. Or, le 9ème Fed a été engagé à 95%.
Mettre le paquet sur la formation de base
Et pourtant, le département est en grand besoin de structuration comme l’énonçaient plusieurs locuteurs : « 60% des demandeurs d’emploi ont le niveau collège » indiquait la directrice de la DIECCTE* Monique Grimaldi, que Christine Daudet, présidente des organismes de formation, traduisait en réalités de terrain : « on peut agrandir l’aéroport ou créer de nouveaux chantiers, si nous n’avons pas les professionnels, ça ne marchera pas ! Il faut combler le manque de compétences de base ». Ce sont les fonds FSE (fonds social européen), 40% de la dotation forfaitaire, qui devront s’y employer.
De plus, l’état des lieux de l’économie mahoraise est aléatoire par manque de statistiques, celui du taux de chômage par exemple. Annoncé officiellement à 17%, il ne permet pas à Mayotte de bénéficier du fonds de Garantie jeunesse. Monique Grimaldi préfère parler de taux d’activité de 41%, ce qui permet de déduire, après calculs savants, un chiffre approximatif de 50% de chômeurs… « J’ai convoqué le directeur de l’INSEE » indiquera dans la soirée Victorin Lurel (voir article)… les choses pourraient changer.
On le voit, la situation est inquiétante. Surtout que « quand on n’a pas la formation de base pour s’exprimer avec les mots, on parle avec ses poings » avertissait Christine Daudet.
Anne Perzo-Lafond
*DIECCTE : Direction des entreprises, de l’emploi, de la concurrence, de la consommation, du travail et des entreprises