Une sorte de batterie géante qui accumule l’énergie solaire et peut ensuite fournir de l’électricité. Le projet de recherche OPERA est unique au monde et Mayotte en est le cœur. De quoi enthousiasmer Victorin Lurel, le ministre des outremers, qui promet de suivre le dossier.
Mayotte a été la dernière dans les outremers à se lancer dans la production électrique photovoltaïque. Mais elle a été la première à atteindre le taux fatidique des 30% d’électricité produite grâce aux énergies renouvelables. Ces 30% représentent un seuil, une limite infranchissable compte tenu des technologies actuelles. Car pour assurer la sécurité des réseaux électriques, il n’est pas possible d’aller au-delà sous peine de menacer la stabilité du réseau et de créer un black-out. C’est ce qui s’est passé l’an dernier à Mayotte.
Explication : si la production électrique réalisée à partir d’une centrale thermique est stable et prévisible, l’énergie issue du photovoltaïque est, elle, intermittente. Elle dépend, bien évidemment, du niveau d’ensoleillement et peut donc varier très rapidement, au gré des nuages qui peuvent venir masquer le soleil. La production électrique peut alors chuter très fortement et le réseau se retrouve sous-alimenté et se coupe. C’est là qu’OPERA pourrait venir changer la donne.
La batterie issue d’OPERA sécuriserait le réseau
OPERA, c’est le projet, financé par des fonds européens, qu’ont présenté la société Sunzil Mayotte et EDM au ministre des outremers et au commissaire européen Hahn, le week-end dernier. Il ne s’agit évidemment pas de musique mais de « l’Opération Pilote Energies renouvelables pour sécuriser le Réseau électrique Autonome de Mayotte ».
Avec l’INES, l’institut national de l’énergie solaire basé à Lyon, les entreprises mahoraises de l’énergie ont imaginé une nouvelle batterie géante qui pourrait prendre le relais du soleil caché par les nuages.
Elle pourrait injecter jusqu’à 3 Mégawatts dans le réseau électrique, le temps pour EDM de démarrer les moteurs de ces centrales thermiques. Notre réseau basculerait donc, en douceur, d’un type de production d’électricité à un autre sans se mettre en danger.
«C’est la solution technique qu’attendent toutes les régions du monde et particulièrement les outremers français pour accroître leur production en énergies renouvelables» explique Tony Pistarino, le directeur de Sunzil Mayotte. «On pourrait quasiment doubler la production électrique issue des énergies renouvelables dans le département.»
Une technologie à exporter
Avec d’autres procédés innovants, comme la prévision de l’évolution de la couverture nuageuse grâce à un système de caméras, OPERA pourrait être l’amorce d’une véritable renaissance du secteur qui connait, depuis 2011, une crise profonde en France.
Tout est suspendu à la publication d’un décret qui permettrait à EDM d’acheter cette super batterie. L’opérateur, confiant, a déjà prévu un emplacement sur son nouveau siège de Kaweni actuellement en construction.
L’enthousiasme du ministre Lurel permettra peut-être de faire avancer le dossier. Mayotte pourrait alors exporter sa technologie dans tous les outremers et bien au-delà.
RR