Dernière ligne droite à Madagascar pour l’élection présidentielle qui se déroulera ce vendredi 25 octobre, après un mois de campagne et 4 ans d’un pouvoir de transition non élu.
C’est le dernier jour de campagne, lancée le 24 septembre, pour les 33 candidats à l’élection présidentielle malgache. Les 7,8 millions d’électeurs appelés à se présenter dans les 20 001 bureaux de vote ont jusqu’à vendredi 22 octobre, jour de l’élection, pour arrêter leur choix. Cette semaine est marquée par les derniers meetings, confidentiels ou grandioses selon la popularité du candidat. Les publicités ont laissé la place aux encarts de campagne dans la dizaine de titres de presse quotidienne que compte Antananarivo, la capitale.
Deux favoris et beaucoup d’argent
Ce mercredi, les deux favoris de l’élection tenteront de convaincre les derniers indécis avec des moyens qui semblent illimités. Hery Rajaonarimampianina, ancien ministre des finances et du budget du gouvernement de transition de 2009 à 2013 aurait déjà dépensé 30 millions d’euros lors de sa campagne. Des dons en argent qui lui auraient été faits spontanément dès l’annonce de sa candidature. «Ce sont des aides de partout dans le monde», a-t-il précisé vendredi 18 octobre lors d’un débat télévisé avec quatre autres candidats, une première à la télévision malgache pour une élection présidentielle. Les lobbys économiques, notamment miniers, sont très présents dans la Grande île. « Hery », une véritable marque qui s’inscrit sur les T-shirts visibles un peu partout dans Antanananarivo, bénéficie du soutien officieux de Marc Rajoelina, le président de la transition et ancien maire de la capitale.
L’autre cheval de course, c’est Jean-Louis Robinson, candidat officiel de Marc Ravalomanana, président élu en 2006 avec 54 % des voix dès le premier tour mais renversé en 2009 par Rajoelina. Ravalomanana vit en exil en Afrique du Sud, pourrait revenir à Madagascar à la grâce de l’élection de Robinson. Le candidat qui surfe sur une certaine popularité de l’ancien président indique vouloir s’entourer de la famille Ravalomana en cas de victoire.
Plusieurs outsiders se dégagent dont Benjamin Radavidson, du parti FFF, ancien ministre de Ravalomanana. Il tenait meeting, ce mardi, au Coliseum, une arène de spectacle capable d’accueillir 30.000 personnes dans le quartier populaire d’Analmahitsy. L’homme de 52 ans pourrait payer sa rupture avec l’ancien président Ravalomana mais bénéficier, en province, de sa proximité avec la population, après avoir sillonné pendant quatre ans Madagascar. A Antananarivo, l’enceinte, aux trois quarts vides, a résonné de nombreuses lectures de la bible. «Je défends la candidature de monsieur Radavidson parce qu’il est franc, simple, chrétien et social», argumente Alain, un militant de la première heure. Son programme est accès sur la moralisation de la vie politique malgache. «Je soutiens ce candidat parce qu’il est de la même église que moi», nous confie, Sophia, une jeune Malgache en charge de la sécurité du meeting en échange de 5.000 ariarys (environ 2€).
Des observateurs du monde entier
S’ils ne sont pas candidats, les deux principaux acteurs de la crise malgache, Andry Rajoelina et Marc Ravalomana et sa femme Lalao, semblent être les éminences grises des élections. Interdits de se présenter à l’élection présidentielle par la Cour électorale spéciale (CES), les deux derniers chefs du pouvoir à Madagascar pourraient devenir, l’un ou l’autre, Premier ministre, en fonction des résultats de l’élection.
Les électeurs malgaches ne se sont pas rendus aux urnes depuis décembre 2010, lors du référendum constitutionnel faisant passer Madagascar de la troisième à la quatrième République. Après 4 ans de pouvoir transitoire, les élections sont placées sous haute surveillance, 800 observateurs internationaux et 5.000 observateurs malgaches sont chargés de contrôler la régularité du scrutin. Le second tour se déroulera le 20 décembre.
A Antananarivo, Axel Lebruman