L’habituelle guéguerre entre l’exécutif mahorais et le représentant de l’État sur l’île s’est exacerbée ces jours-ci. Une collaboration étroite est pourtant indispensable au choix et la gestion des projets européens.
« Nous avons découvert la liste des projets éligibles aux fonds européens dans l’hémicycle samedi soir ! » critique Issihaka Abdillah, conseiller général de Bandraboua, pourtant habituellement au fait de ces dossiers. Philippe Laycuras, le SGAER, s’étouffe : «le Diagnostic territorial donnant les axes stratégiques pour Mayotte est en ligne !». La visite du ministre Lurel et sa saillie contre la vision de l’équilibre budgétaire made by Zaïdani, a non seulement partagé les élus en deux clans, mais attisé les rancœurs envers la représentation de l’État à Mayotte.
Un panel de projets éligibles a été proposé par le cabinet Amios, après écriture du cahier des charges par la Préfecture. «Aucun élu du Conseil général ne s’est rendu à cette présentation», déplore-t-on du côté préfectoral. Ce Diagnostic territorial a été suivi par les écritures inscrivant les projets vers leurs fonds respectifs, Feder, Feamp etc. Le tableau final retenant une vingtaine de projets Feder (Fonds qui corrige les déséquilibres d’un territoire) a été signé et validé par Daniel Zaïdani en juillet 2013.
Les embouteillages… pas une priorité européenne
« La priorité a été donnée au désenclavement, telle la piste longue ou le développement du port, et l’assainissement, les déchets, l’eau potable, la santé ». Ainsi, le contournement de Mamoudzou, pourtant objet de nombreuses études, a été écarté : «il fallait des projets rapidement réalisables pour une consommation rapide des budgets européens» argumente Philippe Laycuras.
Il faut dire que l’Europe, avec ses concentrations thématiques, impose ses vues où ne figurent pas les infrastructures routières.
Les Mahorais sauront au deuxième semestre 2014 si les projets proposés sont retenus… alors que les études auront été engagées, et les plans de financement clos, il faut en tout cas l’espérer. L’Europe finance à 85%, la contrepartie étant assurée soit par l’Etat, soit par le Conseil général ou par un porteur de projet privé.
La procédure adoptée pour le Fonds Feder est en cours pour le FSE (Fonds social européen) dont une liste de projet a été remise au Conseil général en avril. La réponse a été donnée par le biais du cabinet Mensia en juillet, rajoutant au retard général lié à d’autres intervenants (voir article début d’improvisation).
Le FSE se monte à 35M€ et ses différents projets (lutte contre l’illettrisme, formation professionnelle…) seront bientôt rendus public.
Les incompréhensions se multiplient entre la Préfecture et le Conseil général, les reproches circulent des deux côtés en apartés, alimentés par le sentiment de ne pas être associés aux décisions en amont chez les uns, et par le laxisme d’élus ne s’impliquant pas sur des sujets essentiels pour Mayotte de l’autre.
Anne Perzo-Lafond