Déploiement impressionnant des forces de l’ordre à proximité de l’hôpital où l’intersyndicale avait donné rendez-vous aux grévistes ce matin. Le mouvement se poursuit.
Le rassemblement des fonctionnaires en grève était prévu à 9 heures ce matin, à proximité du CHM (Centre hospitalier de Mayotte), l’intersyndicale soutenait ainsi les hospitaliers partie prenante du mouvement. Mais avant les grévistes, ce sont les forces de l’ordre qui se sont déployées massivement autour de l’hôpital. Des fourgons, des hommes postés devant les entrées, la surprise des grévistes est totale.
Rapidement, un filtrage des piétons s’organise dans les rues qui mènent à l’hôpital. Tous ceux qui remontent depuis les bas de Mamoudzou ne sont pas systématiquement autorisés à passer. La colère des fonctionnaires est immédiate surtout de la part des hospitaliers et des personnels du ministère de la justice : «Des forces de l’ordre ont demandé à des patients qui se rendaient à l’hôpital d’ouvrir leur carnet de santé. C’est une violation flagrante à la fois de la liberté de circulation et du secret médical !»
Du côté de la préfecture, on essayait de temporiser : «Au début de chaque manifestation, le dispositif de sécurité se met en place pour encadrer le rassemblement. Il peut y avoir des cafouillages, mais il n’y a pas eu d’instructions en ce sens. »
Un sit-in devant l’hopital
Finalement, les grévistes bloqués dans les rues adjacentes à l’hôpital sont autorisés à rejoindre le rassemblement qui se transforme en sit-in. Les organisations syndicales comptent, à ce moment là, environ 300 personnes.
Plus tôt dans la journée, les personnels de l’Education nationale poursuivaient le blocage des établissements scolaires : «Il n’est pas question de gêner la population mahoraise. Au contraire, on travaille pour son avenir, expliquait Frédéric Muller, un des porte-paroles de l’intersyndicale. Chaque élève de Mayotte a droit à des enseignants qualifiés comme partout ailleurs.» Une façon de brandir à nouveau la menace d’une hémorragie de fonctionnaires après la fiscalisation de l’indemnité d’éloignement, la mesure qui a mis le feu aux poudres.
Ce blocage des collèges et des lycées doit se poursuivre toute la semaine.
La réunion au ministère de la fonction publique hier n’a débouché sur aucune décision. «Ils ont dit aux représentants syndicaux qu’ils étaient non-qualifiés pour prendre une décision» explique l’intersyndicale.
Le mouvement se poursuit donc avec demain un rassemblement à proximité du tribunal. L’occasion pour les magistrats de se faire entendre : «demain, il y aura une audience correctionnelle avec des dossiers urgents à traiter. Nous avons, tous, un sens aigu du service public. De la même façon que nous n’avons pas bloqué l’accès aux soins, nous ne bloquerons pas le fonctionnement de la justice.» Les magistrats, en robe, devraient tout de même accueillir les autres corporations de l’intersyndicale.
RR