Les praticiens du CHM sont à nouveau en grève depuis hier. Ils rejoignent l’ensemble de la fonction publique et continuent de négocier après leur mouvement de début octobre.
Le taux de grévistes des praticiens hospitaliers (PH) était relativement faible hier, entre 15 et 20% de source syndicale. Il faut dire que ce nouveau mouvement est avant tout symbolique : les médecins, dentistes et pharmaciens du CHM (Centre hospitalier de Mayotte) sont évidemment attachés à la continuité de l’offre de soins et poursuivent leur activité.
Ils tenaient tout de même à joindre leur voix à celle de l’ensemble de la fonction publique affectée par un mouvement de grève contre la fiscalisation de l’indemnité d’éloignement. Avec un objectif double : se montrer solidaires des autres personnels du CHM partie prenante de l’intersyndicale (voir article) et s’opposer à cette nouvelle fiscalisation qui les affecte également.
«Nous nous sommes battus pour l’attractivité de Mayotte, explique Gérard Javaudin, vice-président du syndicat des praticiens des hôpitaux de Mayotte. Si l’Etat ne tient pas ses engagements en matière de fiscalité, comment peut-on travailler sérieusement sur l’avenir ? Imposer l’indemnité en 2013, c’est absolument inacceptable.»
Rendre Mayotte attractive pour les hospitaliers
Concernant l’issue de leur propre mouvement du début du mois d’octobre, les PH semblent être optimistes. Reçus à plusieurs reprises au ministère de la santé, ils ont dans les mains un projet de décret qui pourrait apporter une réponse à leur demande : rendre Mayotte attractive.
Depuis de nombreuses années, le CHM n’arrive pas à pourvoir tous ses postes de PH, en particuliers ceux de spécialistes, malgré les avantages existants comme la majoration de 40% de leur salaire. «Sur 163 postes de titulaires budgétisés, le CHM ne compte que 58 titulaires, rappelle Gérard Javaudin. En 2012, nous avons eu 297 remplaçants dont 217 pour un mois ! Même s’ils font un très bon travail, en ne restant que quelques semaines, ils ne peuvent pas s’investir pour le développement de l’offre de soin à Mayotte.»
Une indemnité sur 4 ans
Marisol Touraine, la ministre de la santé, propose donc la création d’une «indemnité particulière d’exercice» pour les médecins, pharmaciens et dentistes qui souhaitent venir exercer au CHM pour une durée minimale de quatre années consécutives.
Le système vise clairement à attirer mais aussi à fixer sur place ces professionnels : les PH déjà en poste ne pourraient bénéficier de l’indemnité qu’à la condition de rester quatre années supplémentaires au CHM.Ce projet de décret semble avoir été plutôt bien accueilli. Pour Gérard Javaudin, «le ministère, l’ARS et la direction du CHM ont pris conscience de la dégradation de l’offre de soins à Mayotte. Tout le monde sait qu’il est temps d’inverser la tendance.»
Les représentants syndicaux des PH espèrent faire aboutir les dernières négociations rapidement pour une entrée en vigueur du décret avant la fin de l’année.