Violences faites aux femmes : la source du mal

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Moinaecha Noéra Mohamed affine la lutte à Mayotte

Grande mobilisation pour soutenir les femmes victimes de violence à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Des moyens conséquents sont apportés… qu’il faudrait également mettre dans la prévention.

Moinaecha Noéra Mohamed affine la lutte à Mayotte
Moinaecha Noéra Mohamed présentait le film

La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes s’accompagne, cette année en France, de l’adoption d’un quatrième Plan triennal sur la question. Il souhaite «changer le regard que la société porte sur les femmes, à l’école, dans le sport, dans l’éducation populaire, les médias, la publicité…» surtout en matière de «propos sexistes». C’est l’action publique qui est la première à être remodelée par le Plan : «la main courante sans suite était devenue le symbole de ces appels au secours restés sans réponse». Elle ne sera plus que limitée avec l’incitation de la victime à déposer plainte.

Une violence qui peut être rendue visible grâce à la Miprof, la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, créée en février 2013 et qui mobilise tous les professionnels médicaux, paramédicaux, enseignants etc.

Les viols font l’objet d’une condamnation sur 1 400 cas pour 10 000 constatés… le défi réside dans une prise en charge rapide qui sera rendue possible par un «kit de constatation en urgence» bientôt expérimenté.

« Armer » les femmes

La violence s'affiche aussi à travers le regard de l'homme
La violence s’affiche aussi à travers le regard de l’homme

L’origine des violences, leur moteur, n’est que trop rarement évoqué, la condition sociale, l’alcool… On sait qu’elles sont surtout concentrées dans la sphère privée. Si en métropole, les femmes sont 400.000 à avoir été recensées comme victimes de violence conjugales, à Mayotte les premiers chiffres viennent de tomber : 258 cas en 2012 et 248 cas à la mi novembre 2013. «Nous devons nous adresser à celles qui n’osent pas déposer plainte» indique Moinaecha Noéra Mohamed, chargée de mission aux droits de femmes à la Préfecture.
Un numéro, le 555, et une campagne d’affiches ont aidé : «certaines se sont reconnues et ont été encouragées à déposer plainte». Le suivi est assuré par l’Association pour la condition féminine, alors que le budget alloué par le gouvernement, 150 000 euros pour Mayotte, a été doublé.

Le Plan s’adresse aux victimes. On peut regretter qu’il ne parle pas de prévention. Si des armes psychologiques ne sont pas données, les femmes victimes de violence le resteront. C’est aussi ce que dénonce le film, «La source des femmes» qui était projeté en clôture de cette première journée par Ciné Musafiri, sur la place de la République, devant le Comité du Tourisme.

Les femmes d’un village d’Afrique du nord, fatiguée d’aller sur les chemins escarpés chercher de l’eau à la source éloignée des habitations, demandent aux hommes de canaliser l’eau jusqu’au village. Face à leur inertie, certaines se révoltent et décident de faire la grève du sexe. Pas toutes… plusieurs n’osent pas porter cette parole face à leurs maris, surtout celles qui sont déjà victimes de violences : «si vous pliez devant vos maris, ne vous attendez pas à être aimées davantage !» apostrophe la doyenne. Et c’est en partant du Coran, de la sourate des femmes «les femmes sont les sœurs des hommes» qu’elles vont peu à peu infléchir leur destin.

Anne Perzo-Lafond

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