Le Plan Energie Climat Territorial (PECT) commandé par le Conseil général vient d’être dévoilé. Si la centrale électrique de Longoni est logiquement la plus grande émettrice de CO2, des pistes sont lancées pour réduire la dépendance énergétique des autres postes.
Mayotte n’est pas menacée par un smog* tout britannique. Pour autant, ses 779.964 tonnes équivalent CO2 annuels, correspondent, nous dit le Plan Energie Climat Territorial (PECT), à 2,5 millions de km parcourus en voiture ou, plus parlant, à plus de 210.000 aller-retours Paris-Mayotte. Restons modestes : ce n’est seulement que 0,08% de la consommation journalière des Etats Unis.
Pour l’anecdote, et sans déculpabiliser, c’est la quantité de CO2 émise en deux jours d’éruption par le volcan islandais Eyjafjöll…
Le PECT remis le 19 novembre au Conseil général et aux services de l’Etat par le cabinet ISODOM découle du Plan Climat National lui même repris par les lois Grenelle 1 et 2. C’est un projet axé sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre et sur la vulnérabilité climatique, en adaptant des solutions par territoire sur les court, moyen et long termes.
Le dégagement de dioxyde de carbone est naturel, mais il augmente avec l’activité industrielle d’un pays. En 2007, les émissions mondiales de CO2 sont deux fois plus importantes qu’en 1971 (source academie-en-ligne ). L’anticipation est donc utile, surtout lorsqu’on regarde de prés les émissions de CO2, et leurs auteurs.
Un pollueur qui paie
Le bilan présenté démontre que 40% des émissions de CO2 à Mayotte, sont dues au transport de personnes, de marchandises etc., dont plus de la moitié imputable à l’aérien. Mais c’est surtout «la centrale EDM de Longoni qui participe pour prés de 60% à ces émissions» souligne Ibrahim Bahedja en charge du secteur des énergies renouvelables au Conseil général. On s’en doutait et ça ne va pas s’arranger avec la mise en service des 3 nouveaux moteurs de 12 mégawatts pour répondre à l’accroissement de la consommation. La société l’a compris et annonçait investir 5 millions d’euros dans la dénitrification des fumées, c’est-à-dire la réduction des émissions d’oxyde d’azote.
De plus, Electricité De Mayotte est leader dans la recherche des énergies renouvelables avec sa ferme photovoltaïque et le projet OPERA de stockage d’énergie électrique produite par le solaire dans une méga batterie. «C’est une première mondiale» s’était justement exclamé ministre des Outremers Victorin Lurel de passage à Mayotte.
Le lagon souffle le chaud et le froid
Mais le département n’en reste pas là puisque le Plan Energie Climat territorial est initiateur d’un Plan d’actions qui sera force de propositions en énergies renouvelables : «la valorisation de déchets verts pour dégager de la biomasse, le biogaz récupérable depuis les déchets du Centre d’enfouissement ou l’énergie thermique des mers qui récupère l’énergie par différentiel de température, 4° en profondeur et 25° en surface à Mayotte. Un meilleur potentiel que La Réunion »… mais à l’extérieur du lagon, ce qui implique des contraintes techniques donc financières.
Ces secteurs, Ibrahim Bahedja en convient, ont déjà fait l’objet d’études, souvent décevantes sur ces potentiels locaux. «Mais les techniques ont évolué depuis !». Et il prend l’exemple de l’éolien qui avait été abandonné par insuffisance de vent : «les éoliennes de dernière génération fournissent de l’électricité avec des vents très faibles».
La rédaction du Plan d’action devrait bientôt faire l’objet d’un appel d’offre.
Ce PECT répond à un appel du pied de Paris qui sollicite les régions pour l’accompagner dans son engagement européen de réduire de 20% ses gaz à effet de serre d’ici 2020.
Anne Perzo-Lafond
(*) Mot anglais mélange de smoke (fumée) et fog (brouillard)