Le Conseil général fait sa part pour le social dans un département sinistré. C’est le message que délivrait Daniel Zaïdani qui produisait les chiffres des actions suivies par le département en recadrant les responsabilités et en appelant la ministre de la Santé à l’aide.
«Depuis les années 80 et la décentralisation, la politique sociale a été étendue par ordonnance, mais nous avons toujours cette double compétence d’un département et d’une région»… Et selon le président du conseil général, sur 226 millions d’euros de dépenses inscrites au budget, le département ne devraient en assumer que 34 millions. Une somme « consacrée au deux tiers au social » assure-t-il.
Ce sont donc 23 millions d’euros qui sont dépensés pour les 5 Unités territoriales d’action sociales répartie sur l’île, qui animent et coordonnent l’action sociale et médico-sociale. En 2012, elles ont notamment délivré 1 511 bons alimentaires (0,7% de la population seulement). Ces bons seront bientôt portés à 72 euros.
Ce budget a également été utilisé pour orienter les demandes d’accès aux soins.
Les soins, ce sont justement les 21 PMI (Protection maternelle infantile), «bientôt 24» qui les délivrent : les vaccinations, les suites des accouchements ou le suivi des enfants sont leurs principales activités.
Le personnel n’y est pas toujours compétent, et quatre d’entre elles sont vétustes, «à raser, les services n’auraient jamais dû y emménager» déplore le président. La version non officielle dénonce une partition des bâtiments effectuée au détriment de la collectivité et au bénéfice de l’hôpital lors de la première décentralisation.
Mais la situation d’extrême pauvreté de la population, «75% vit sous le seuil de pauvreté» dénonçait Daniel Zaïdani, se ressent dans la formulation des actes : «60 000 vaccinations, contre 3 000 dans les PMI de La Réunion à la population 4 fois plus nombreuse !». Des PMI, qui traitent 1 500 IVG par an et dans lesquelles 80% des femmes enceintes sont suivies, «dont la plupart sont en situation irrégulière» gronde Mirhane Ousseni, 1er vice président.
L’AME au secours du secteur privé
Et les élus de pointer du doigt l’absence à Mayotte d’une Aide Médicale d’Etat (AME) qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, sous réserve de remplir certaines conditions, et de la Couverture maladie Universelle qui assure l’accès à l’assurance maladie pour toutes les personnes résidant en France.
Deux aides d’Etat qui permettrait de lutter contre la désertification médicale dont souffre Mayotte soutient Daniel Zaïdani qui s’explique : «tous les malades vont actuellement à l’hôpital et dans les PMI. Avec une aide, ils pourraient choisir d’aller vers le secteur privé pour aller chercher gratuitement leurs médicaments».
Le président avoue avoir été déçu par la position de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qu’il avait interpellée. Cette dernière évoquant la situation mahoraise sur l’absence d’AME, avait en effet déclaré la semaine dernière qu’«aucune extension n’avait été envisagée». En Guyane, comparable en population à Mayotte et qui connaît un problème d’immigration clandestine, l’AME s’applique pourtant depuis plusieurs années.
Enfin, la collectivité départementale assume une politique d’accompagnement pour les personnes âgées, «alors qu’aucun texte nous en donne la prérogative et avec un coût de 6,3 millions d’euros compensé à hauteur de seulement 244 000 euros par l’Etat»*.
Le président a donc fait passer son message : Mayotte est un département dont la population, en situation irrégulière ou non, nécessite une action sociale hors du commun que ne peut supporter seul le Conseil général.
Anne Perzo-Lafond
(*) Le sénat vient de voter une compensation sur les charges liées aux personnes âgées, handicapées et le RSA