Quatre enseignants sur dix ont demandé à rester après leurs quatre ans de présence à Mayotte. Un bol d’air frais alors que les enseignants grévistes avaient promis, valise en main, une grande vague de départ.
C’est presque en chantant que le vice rectorat annonce le chiffre clé du jour : 42% des enseignants du second degré demandent à rester à Mayotte après 4 ans, et 71% demandent à être renouvelés après 2 ans. Ces derniers étaient 78% l’année dernière, une baisse donc, mais pas un effondrement…
C’est un coup de tonnerre dans le concert pessimiste des manifestants contre l’imposition des contrats en cours qui prédisaient des jours encore plus sombres pour l’éducation nationale à Mayotte. En effet, auparavant, les fonctionnaires ne pouvaient rester en poste à Mayotte que deux fois deux ans. Une spécificité qui n’existait pas dans les autres départements d’outre-mer et dont le décret responsable a été abrogé. Un combat mené par des centrales syndicales qui passaient alors pour des illuminées.
Non pas que Mayotte soit un petit paradis pour les fonctionnaires de l’Education nationale : manque de classes, problème de niveau et de compréhension… le chantier est énorme avec une démographie qui ne cesse de s’accroitre sous l’effet de l’immigration. Mais le défi peut être intéressant à relever et, les enseignants n’hésitent pas à le souligner, les élèves mahorais sont plutôt disciplinés, et les conditions de vie à Mayotte n’ont pas l’air trop désagréable si l’on en juge par les autres chiffres.
Dans le premier degré aussi
65% d’enseignants du premier degré demandent en effet à être renouvelés au bout de deux ans dans le premier degré, contre 75% quand même l’année dernière, et surtout, 48% veulent rester après 4 ans. « C’est un signe encourageant » commente Thierry Claverie, directeur de cabinet du vice-recteur.
La rentrée 2014 se fera donc avec une réserve de 480 enseignants du second degré renouvelés. Il se peut qu’en l’absence de fiscalisation des indemnités sur les contrats en cours, ils auraient été plus nombreux à vouloir rester.
Tout n’est pas encore rose pour autant au pays des profs puisque le différentiel départ-arrivée fait apparaître un besoin de 400 enseignants à la rentrée, « un chiffre comparable à l’année dernière alors que nous avons créé des postes » nuance Thierry Claverie. Mais un chiffre qui intègre les 40% d’enseignants supplémentaires dans le secondaire… et qui implique qu’une politique de séduction soit encore à développer vers la métropole.
Anne Perzo-Lafond