Article actualisé à 18h47
Le préfet a pris la parole ce matin. Le message est clair, le représentant de l’Etat à Mayotte demande au pétrolier de rouvrir sans délai les stations-service.
« C’est une prise en otage des Mahorais. » Jacques Witkowski, en marge d’une réunion de l’observatoire des prix, réagit vivement à la « décision unilatérale de Total Mayotte de fermer ses points de vente et de distributions« .
Le préfet affirme que la direction de Total n’a prévenu aucun service de l’Etat pour éventuellement pallier aux urgences. « C’est une décision que nous considérons comme incompréhensible. Elle prend par surprise, sans aucun préavis, sans avertissement notamment à destination des services de secours et de police », note le préfet qui a réquisitionné Total pour fournir de l’essence à « certains services vitaux pour la population ».
La direction de Total a entendu la remontrance du représentant de l’État à Mayotte. À 15 heures, la station-service de Kawéni a ouvert partiellement ses pompes. Seuls les véhicules prioritaires visés par la réquisition préfectorale peuvent accéder au nectar sans-plomb. Sont concernés : les services de secours et d’incendies, les services sociaux et médicaux, le SMUR, les forces de l’ordre et les services de l’État au titre d’intervention de sécurité civile, routière ou de contrôle.
Dialogue de sourds
Restent tous les autres, à savoir l’ensemble de la population mahoraise, tributaire d’une façon ou d’une autre des hydrocarbures. La société de transport, et notamment de transport scolaire Matis, pourrait avoir des difficultés dès demain pour faire rouler certains véhicules. Mais selon la direction de Total Mayotte, en accord avec le mouvement outremer des pétroliers et distributeurs, les 7 stations-service Total de l’île rouvriront dès demain, aux horaires habituels.
Les pétroliers d’outremer regrettent l’absence de dialogue sur le décret Lurel sur la transparence des marges de la filière d’hydrocarbure, comme l’indique une lettre ouverte à Victorin Lurel datée et publiée vendredi dernier. « Que je sache, sauf d’avoir été atteint d’une maladie grave qui m’ôterait toute mémoire, historique et momentanée, je n’ai, à aucun moment, été sollicité par la société Total Mayotte pour qu’on me dise que le décret, sur la partie Mayotte, ne va pas », répond, sans hésiter, le préfet. La communication entre les pétroliers et l’État s’apparente aujourd’hui à un dialogue de sourds. Je demande régulièrement les comptes de cette société, qui a l’air de ne pas mal se porter et on ne me les donne pas », regrette Jacques Witkowski. « À Paris, ils ont tout », lui répond Laurent Gautron, le directeur de Total Mayotte, contacté par téléphone.
Le mouvement, commun aux cinq départements français, réunit aussi bien les pétroliers que les distributeurs de la filière. À La Réunion, 90 % des stations-service étaient fermées en fin de journée. La situation monopolistique de Total à Mayotte a convaincu le préfet de saisir le parquet dès ce matin.
Le ministre des Outremer, Victorin Lurel, recevra les gérants de stations-services le 18 décembre prochain et les pétroliers le 20, pour répondre à leur demande.
Axel Lebruman