Député et conseillers généraux s’insurgent contre la fermeture des stations-service mardi dernier. Total répond aux accusations.
Présentée par Sarah Mouhoussoune, conseillère générale de Dembéni, une motion sur l’action de Total de fermer toutes les stations-service mardi dernier a été votée pour soutenir le projet de décret Lurel sur la transparence des marges. Tous les élus à l’exception de Zaïdou Tavanday, conseiller général de Mamoudzou , ont voté le texte. Tavanday critique la méthode employée par Total, mais ne soutient pas le projet Lurel. « Je ne vois aucun mérite à ce décret de régulation », note l’élu UMP.
Jusqu’en 2003, ce service était une compétence du conseil général. La collectivité avait alors vendu au pétrolier cette activité. Les élus souhaitent remettre à plat la distribution d’hydrocarbures à Mayotte. « Les engagements pris par Total n’ont pas été réalisés », note Saïd Omar Oili, élu de Petite-Terre et ancien président du conseil général. » A l’époque trois sociétés avaient été présélectionnées , Galana avait finalement était choisi. Total n’avait même pas répondu, mais a été imposé par Paris », note-t-il. Pour le conseiller général, le compte n’y est pas notamment en terme de construction de stations-service. « Une dizaine de stations supplémentaires était prévue à Chiconi, Acoua, Coconi, sur Petite-Terre. Ces engagements non pas été réalisés ».
Les élus du conseil général réfléchissent à d’autres pistes. Plusieurs élus sont partis en mission de prospection d’hydrocarbures, non pas pour trouver un providentiel gisement derrière l’îlôt M’Bouzi mais pour se renseigner sur la situation de la distribution de carburant dans l’océan Indien, notamment aux Seychelles. Un rapport sur le thème sera présenté le 27 décembre prochain.
Ibrahim Aboubacar (PS), député de Mayotte insiste par voie de communiqué : » Il appartient aux pétroliers et à TOTAL de prouver le contraire et de faire preuve en retour de transparence auprès des autorités compétentes et du public, en donnant les détails de ses bénéfices et de ses marges dans l’importation et la distribution de ces produits. Au lieu de prendre en otage les salariés des stations-services et la population, par des manœuvres de désinformation, pour mieux continuer comme auparavant, à puiser sans vergogne dans les porte-monnaie des consommateurs en toute opacité. »
Sept millions d’euros par pétrolier
La direction de Total Mayotte qui sera reçue les 18 et 20 décembre prochains par le ministre des outremers Victorin Lurel, répond aux accusations.
» Les résultats de Total Mayotte font l’objet de la plus grande transparence qui soit. Notre liasse fiscale est en effet déposée auprès du Trésor public de Mamoudzou, et nos comptes certifiés sont déposés auprès du tribunal de commerce de Mamoudzou », note la direction de la communication du groupe. Selon le pétrolier, 66 millions d’euros ont été investis en 10 ans à Mayotte notamment par la création ou la rénovation de dépôt et de station-service. Total Mayotte donne un exemple sur ses marges. « Sur le prix d’un litre de super à 1,54 €, l’achat représente 0,73€ et les taxes perçues par l’Etat 0,56 €. Il reste donc 0,25 € de marge pour investir et payer les frais de fonctionnement. »
Tous les 35 jours, Total doit faire venir un pétrolier à Mayotte pour ravitailler l’île, pour un coût de 7 millions d’euros.
A.L.