Vingt-et-un parlementaires remettent les pétroliers sur le feu

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Tribune libre

Vingt-et-un parlementaires ultramarins de la majorité, dont les trois parlementaires mahorais, ont signé un texte dénonçant une « tentative de manipulation de l’opinion publique avec la diffusion de fausses informations » de la part des compagnies pétrolières. Nous la reproduisons ci-dessous :

 « Décrets carburants : pour un débat de vérité

Depuis plusieurs mois, le Gouvernement travaille à la rédaction de nouveaux décrets règlementant le prix des carburants dans les Outre-Mer, conformément aux engagements du Président de la République. Aujourd’hui, nous assistons, d’une part, à une tentative de manipulation de l’opinion publique avec la diffusion de fausses informations et, d’autre part, à un chantage à l’emploi que nous ne pouvons accepter.

L’adoption de la loi «LUREL» en 2012 sur la régulation économique Outre-Mer avait ouvert la voie juridique pour une régulation des marchés de gros en situation de monopoles ou présentant des difficultés durables d’approvisionnement. Ces projets de décret concrétisent ces dispositions au service de la transparence des prix et des marges dans le domaine des carburants. Les consommateurs ultramarins pourront désormais connaître la réelle structuration des prix et des marges des carburants et du gaz.

Si par le passé, la droite a vainement tenté de réformer les formules de calculs de la formation des prix du carburant, elle ne s’est jamais attaquée au chantier de la transparence, les compagnies pétrolières continuant impunément à réaliser des marges excessives alors même que les prix étaient encadrés. Depuis des années, de nombreuses missions d’information menées par l’administration ou par les assemblées parlementaires sont entravées dans leurs investigations pour établir la transparence par l’opposition catégorique du secret commercial de la part les opérateurs pétroliers.

S’il est vrai que le secret commercial, souvent gage de la compétitivité de l’entreprise, est indispensable dans des marchés où la concurrence est bien réelle, celui-ci ne peut pas être légitimement invoqué lorsque l’on se situe dans le cadre d’un marché oligopolistique qui plus est règlementé par la puissance publique.

Et lorsque les pétroliers disent qu’ils n’ont rien à cacher, nous leur répondons «chiche» ! Rendez publique votre comptabilité analytique, celle qui nous permettra de contrôler la véracité de tous les coûts !

Aujourd’hui, nous assistons à un lobbyisme agressif des pétroliers et, pour reprendre les propos du Président de l’Autorité de la concurrence, à une prise d’otage des gérants de stations-services, de leurs salariés et des consommateurs. Pourquoi cette mobilisation si, comme ils l’affirment, «ces projets de décrets sont des coquilles vides» ? Pourquoi certains pétroliers proposent des augmentations de primes de fin d’année si le mouvement de grève est largement suivi ? Pourquoi agitent-ils la menace d’une libéralisation et d’une augmentation des prix alors que les décrets règlementent davantage les marges et qu’ils permettront leur baisse ?

Les réponses sont simples : le Gouvernement s’attaque au noyau dur de ce monopole et les pétroliers, qui très certainement voient encore nos territoires comme des économies de comptoir, n’acceptent pas que leurs profits injustifiés – de l’ordre de 15 à 20 % chaque année – soient remis en cause en les limitant à 9% annuellement.

Les consommateurs ultramarins doivent savoir que dans nos territoires, en comparaison avec la situation en France hexagonale, les prix hors taxes des carburants sont supérieurs de 30 % et que si les prix à la pompe peuvent être peu ou prou identiques, c’est grâce à un niveau plus faible de la fiscalité locale.

Ces décrets n’entendent déstabiliser personne. Ils viennent remettre de l’ordre dans les règles du jeu au profit des consommateurs. Les gérants des stations-services ne doivent pas avoir de crainte et ne doivent pas se laisser instrumentaliser. Bien au contraire, ce sont des acteurs responsables et ils doivent saisir cette opportunité pour établir un juste rapport de force avec les pétroliers.

Les élus que nous sommes souhaitent que l’écoute et le dialogue nous permettent de sortir de cette situation au profit de l’intérêt général. La transparence des prix et des marges des carburants Outre-Mer dans un contexte règlementé est un droit pour le consommateur et un devoir pour les opérateurs. Ces deux objets ne sont pas contradictoires, ils participent ensemble à la lutte contre la vie chère. »

Ibrahim ABOUBACAR, Député de Mayotte

Ericka BAREIGTS, Députée de La Réunion

Chantal BERTHELOT, Députée de Guyane

Ary CHALUS, Député de Guadeloupe

Karine CLEREAUX, Sénatrice de Saint-Pierre-et-Miquelon

Jacques CORNANO, Sénateur de Guadeloupe

Félix DESPLAN, Sénateur de Guadeloupe

Jean-Claude FRUTEAU, Président de la Délégation aux Outre-Mer, Député de La Réunion

Daniel GIBBES, Député de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin

Jacques GILLOT, Sénateur de Guadeloupe

Annick GIRARDIN, Députée de Saint-Pierre-et-Miquelon

Eric JALTON, Député de Guadeloupe

Patrick LEBRETON, Député de La Réunion

Thani MOHAMED SOILIHI, Sénateur de Mayotte

Monique ORPHE, Députée de La Réunion

Georges PATIENT, Président de l’Intergroupe parlementaire Outre-Mer, Sénateur de Guyane

Patrice TIROLIEN, Député européen

Boinali SAÏD, Député de Mayotte

Hélène VAINQUEUR-CHRISTOPHE, Députée de Guadeloupe

Michel VERGOZ, Sénateur de La Réunion

Jean-Jacques VLODY, Député de La Réunion

 

 

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