Un millier de personnes est, à nouveau, descendu dans les rues, entre Dzaoudzi et Labattoir ce dimanche matin après la profanation du 1er janvier. De nouvelles plaintes viennent s’ajouter au dossier.
Ils étaient beaucoup moins nombreux que le week-end dernier à avoir répondu à l’appel de cette nouvelle marche blanche. Ce rassemblement destiné à exprimer, à nouveau, la colère des fidèles après l’acte de profanation de la mosquée du vendredi à Labattoir le 1er janvier dernier, a tout même réuni un millier de personnes, ce qui reste un événement d’ampleur sur Petite-Terre.
En plus de prières reprises par la foule, des «Plus jamais ça» étaient régulièrement scandés tout au long de la marche.
Dénoncer un état d’esprit
Les motivations des manifestants n’étaient plus exactement les mêmes que lors du rassemblement de la semaine dernière. Si chacun se félicitait de l’avancée rapide de l’enquête, c’est un climat que certains tenaient, à présent, à dénoncer. «Moi, je suis ici pour dénoncer les mentalités qui ont conduit à cet acte, explique un manifestant. Cela concerne deux personnes mais plus globalement, il y a un certain état d’esprit, que l’on ressent tous les jours qui n’est pas acceptable. Je suis venu manifester pour la 2e fois, pour que l’Etat en prenne conscience et lutte contre ça.»
On pouvait également entendre des doutes quant aux suites judiciaires de l’affaire. Les auteurs présumés seront-ils jugés à Mayotte ? Les peines prononcées seront-elles à la hauteur de l’émotion soulevée ? Des sentiments dont le député Ibrahim Aboubakar, qui s’était joint au cortège ce dimanche matin, se faisait l’écho : «Je suis là pour dire que nous attendons que la justice passe de manière ordinaire. Nous ne voulons pas d’une justice d’exception.»
De nouvelles plaintes déposées
Apres les investigations, l’affaire est passée dans sa phase judiciaire. La date du procès a été fixée, une audience dont les protagonistes seront plus nombreux que ce que l’on pouvait croire au début de l’affaire. Dans ce dossier, les plaintes s’ajoutent, en effet, les unes aux autres. Après la mairie de Labattoir qui a déposé plainte pour « trouble à l’ordre public », des associations musulmanes envisagent à leur tour d’engager des poursuites.
C’est déjà fait pour «l’union des musulmans de Labattoir» (Ihwami l’muslimina de Labattoir) qui a porté plainte pour «atteinte à un édifice religieux». A l’issue de la marche de ce dimanche, elle conviait d’ailleurs ceux qui le souhaitaient à contribuer, en donnant un euro, au financement des frais d’avocat.
Après la lecture de la déclaration du CREMM*, du Grand Cadi et des Sages, le rassemblement s’est achevé dans le jardin de la mairie de Labattoir par une prière.
RR
*CREMM : Conseil représentatif des musulmans de Mayotte