Les départements d’Outremer ont aussi mal à leur agriculture que la métropole. Pas pour les mêmes raisons. Sauront-ils tirer bénéfice d’une loi d’avenir agricole qui vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale et qui n’est pas spécialement pensée pour eux ?
Les Jeunes agriculteurs d’Outremer ont tenté de faire entendre leur voix à travers un communiqué lors du débat sur la loi d’avenir de l’agriculture qui a été adoptée la semaine dernière en première lecture à l’Assemblée nationale. Mais comme ils le déplorent, «l’Outremer, c’est loin»… critiquant notamment l’impossibilité pour les agriculteurs des DOM d’accéder aux prêts bonifiés qui leur sont dédiés. «Une telle situation serait inimaginable en métropole» soulignent-ils, alors que l’accès au financement est «une des deux mesures du socle de base de la politique nationale d’installation».
Accéder aux terres
Outre le financement, l’accès aux terres agricoles reste un problème majeur : «des freins importants restent encore sans réponse, l’accès au foncier en Guyane et à Mayotte appartenant respectivement à l’Etat et au Conseil Général principalement» critiquent-ils. Ainsi, les parcelles rétrécissent comme peau de chagrin dans les DOM, excepté la Guyane. A Mayotte, le risque de voir les micro surfaces agricoles se réduire encore un peu plus, est grand avec les problèmes d’indivision qui seront mis à jour dès cette année lors de l’établissement de la taxe foncière.
L’agriculture française se porte mal avec des producteurs métropolitains aux marges faibles, qui ne vivent que sous perfusion nationale, laquelle est amenée à décroître, et des normes européennes très contraignantes. Des agriculteurs qui ne maîtrisent pas l’ensemble de la filière et qui se retrouvent au prise avec les distributeurs, conflit que tente notamment de résoudre la loi Avenir «en s’attachant à rééquilibrer les relations commerciales entre les acteurs» dixit le ministère de l’Agriculture.
Les filières traditionnelles mahoraises ont disparu
Pour que l’agriculture des DOM ne soit pas jetée avec l’eau du bain métropolitain, les Jeunes Agriculteurs (JA) préconisent de renforcer le rôle moteur des filières exportatrices. Partir de l’existant en somme. Elles ont hélas disparu avec la vanille et l’ylang-ylang à Mayotte où la filière avicole a du mal à se structurer et où l’aquaculture pointe néanmoins le bout de son nez. Ces filières nécessitent un soutien à leur développement maintiennent les JA, «pour répondre aux besoins des consommateurs».
Les grandes lignes de la loi dessinent un renforcement de la compétitivité agricole et une orientation vers l’agro écologie… ce que pratiquent encore quelques producteurs ultramarins qui pourraient y trouver une planche de salut… Un modèle spécifique pour l’avenir de l’agriculture ultramarine semble néanmoins indispensable.
Anne Perzo-Lafond
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