L’Agence régionale de Santé (ARS) Océan indien organisait une journée de débat public autour de la Stratégie nationale de santé. L’objectif est de refonder le système à l’échelle nationale en y intégrant les questions particulières des régions.
Le chantier lancée par Marisol Touraine, la ministre de la santé, a trouvé un large écho à Mayotte. L’ambition est immense : «refonder le système de santé français pour le rendre plus égalitaire, plus sûr et plus performant». Le projet est crucial pour les années à venir et l’enjeu n’avait pas échappé à tous ceux qui sont concernés, de près ou de loin, par le sujet. 160 personnes avaient fait le déplacement, hier à l’hôtel Sakouli.
Faire entendre des demandes particulières
Partout en France, plus de 200 débats de ce type sont organisés pour faire remonter à Paris les attentes particulières de chaque territoire. La rédaction d’une loi sur la santé publique démarrera dans la foulée, au mois de mars. «Si on veut des éléments ou un chapitre de la loi spécifique à Mayotte, c’est maintenant qu’il faut y travailler», prévenait Chantal de Singly, la directrice de l’ARS Océan indien en ouverture des travaux.
La stratégie nationale de santé voulue par la ministre repose sur trois piliers complémentaires. Elle veut d’abord miser sur la prévention : agir tôt et fortement sur tout ce qui a une influence sur notre santé. Ensuite, l’idée est d’organiser les soins autour des patients et d’en garantir l’égal accès. Enfin, la ministre veut développer la démocratie sanitaire pour renforcer l’information et les droits des patients.
Mayotte n’est pas si éloignée des problématiques nationales
Mayotte a de nombreuses spécificités : sa jeunesse, son taux de natalité (40 pour mille), une surmortalité marquée autour de la grossesse ou encore la grande précarité d’une partie de sa population (un habitant sur cinq gagne moins de 200 euros par mois).
Pourtant, sur le fond, les attentes en ce qui concerne une médecine de qualité ou un réseau de professionnels de santé efficace, sont à présent les mêmes qu’en métropole. Comme le rappelait Jacques Witkowski, le préfet de Mayotte, «la population qui n’avait pas exprimé un besoin médical réclame aujourd’hui, légitimement, une égalité de traitement avec les autres DOM et la métropole.»
Cinq priorités
Des ateliers ont permis aux participants d’exprimer leurs attentes en espérant être entendus. «Les éléments à mettre dans la loi seront faits pour faciliter les choses ou servir de levier à l’amélioration du système. Sur l’attractivité médicale par exemple, un problème crucial à Mayotte, s’il y a des choses à écrire, nous le ferons remonter», concluait Chantal de Singly.
Pour ne pas disperser l’efficacité d’un texte très attendu, la ministre a souhaité un nombre restreint de priorités. Il n’y en aura que cinq: la lutte contre les addictions, le cancer, la santé mentale, la santé des personnes âgées et la santé des jeunes. Mayotte a de quoi dire sur bien des sujets.
RR