La deuxième série d’auditions du Grand casting musical de Mayotte a permis de présélectionner de nouveaux talents dont les voix ont séduit. Si les quatre membres du jury commencent à être rodés à l’exercice, les candidats, eux, étaient plus stressés que jamais.
Yasmine est la première à entrer dans la salle des auditions. Non voyante, elle est accompagnée d’une amie qui la guide vers le micro. Elle a choisi «Basico» de Maalesh puis «My heart will go on» de Céline Dion. «Je suis trop stressée», avait-elle confié dans la zone d’attente, à l’extérieur. «Je suis inscrite à l’école de musique. Je suis habituée à chanter devant du public mais aujourd’hui c’est une sorte de concours. Alors, j’ai un peu peur.» Le jury va lui confirmer ce qu’elle savait : une jolie voix mais trop timide. «Il faut que tu oses y aller», l’encourage Anne-Julie Brutout.
Et ce fameux stress va être le fil rouge de l’après-midi. Christelle et Franck sont venus en famille. Leurs enfants restent dehors. Eux, passent l’un après l’autre. Elle a choisi « Ti fleur fanée », lui « Mes mains sur tes hanches». «Je n’ai jamais vu quelqu’un trembler autant pour une audition !» s’amuse Emilie Villacèque à l’issue de la prestation de Christelle. Le couple est passionné de karaoké. Si le jury souligne les problèmes de justesse, il a senti leur plaisir sincère de chanter. «Continuez, on sent que ça vous plait.» Le couple n’est pas déçu. Franck est même soulagé : «J’ai réussi mon défi de restituer une chanson, sans avoir les paroles, devant un jury».
Elle s’enfuit
Mais la palme de l’angoisse revient à Moinaïdi qui va se laisser totalement débordée par ses émotions. «Je n’ai jamais chanté devant des inconnus.» Son copain est venu la soutenir mais rien à faire, elle voit tout en négatif. Dans la salle, elle s’y reprend à deux fois pour interpréter «This is me» de Demi Lovato, les paroles mangées par la peur. «J’ai tout foiré» conclut-elle à la fin de son interprétation. Baptiste Jung, premier membre du jury à prendre la parole, commence à peine à émettre des réserves, que Moinaïdi s’enfuit littéralement de la salle sans attendre les autres avis.
Bénédicte, elle aussi, a du interpréter deux fois « stand by me» de Ben E. King. A cappella, elle changeait de tonalité pendant son interprétation, le stress encore et toujours. Accompagnée au piano, elle a finalement obtenu sa présélection.
Deuxième fois
Certains candidats s’étaient aussi chargés d’une pression particulière. Éconduits après la première journée de casting, ils étaient bien décidés à revenir tenter leur chance. Problèmes de rythmique, de justesse ou de paroles, le jury, toujours bienveillant, les a, à nouveau, invité à travailler.
Djalloud, lui, ne se posait pas ce genre de question. Il n’a pas vraiment le profil pour participer à ces sélections mais il est là. Venu de Tsararano, il vient interpréter ses propres compositions. «Salam, salam !» lance-t-il en entrant dans la salle. Le jury sourit. «Cœur ouvert», c’est du «rap conscient, tranquille». S’il n’est pas présélectionné -le jury veut entendre des voix «chantées»- Djalloud repart avec les conseils, précieux, du musicien Mikidache, particulièrement attentif à la prestation : «C’est un peu trop linéaire. Il faudrait peut-être que tu fasses monter ton titre en puissance, que les choses évoluent. En tous cas, continue dans tes compos, c’est très bien !»
Ainsi s’est écoulée l’après-midi de ce deuxième casting. Il reste encore une dernière date pour venir tenter sa chance. Le 22 mars, un certain nombre de candidats feront le déplacement depuis La Réunion pour profiter de cette opération, unique dans l’Océan indien, avant que le jury ne délibère pour choisir les 12 finalistes. Les Mahorais sont prévenus : il faudra venir défendre les talents du 101e département.
RR