La première halte, très humide, de Thierry Repentin, ministre délégué aux Affaires européennes, était pour l’association Tama de lutte contre l’exclusion. Au moins trois axes sont éligibles aux fonds européens.
Le président de Tama, «espoir» en shimaoré, le sénateur Thani Mohamed Soilihi, en brossait les principaux traits : «nous avons créé cette association de lutte contre l’exclusion pour intervenir sur la protection de l’enfance et l’insertion sociale et professionnelle». Ils étaient 400 jeunes en 2003, et dix ans après, ce sont 10.700 jeunes qui sont passés par l’association, «avec un budget de 4,5 millions d’euros».
Le financement provient à 95% de l’Etat, «mais nous n’avons pas pour mission de nous substituer aux collectivités ou à l’Etat. C’est anormal que cette association fasse ce travail», indiquait le président de l’association au ministre.
Philippe Duret, directeur de Tama et co-créateur de l’association, proposait que les moyens européens suppléent ceux de l’Etat là où ne s’applique pas encore le droit commun. Et Tama ne manque pas de projets. Deux seraient éligibles et étaient présentés au ministre : un placement des mineurs isolés en milieu ouvert, «sous réserve que ce domaine soit éligible aux fonds européens», et alors que Tama œuvre parallèlement en coopération avec une association comorienne «pour favoriser le retour des mineurs sur leur territoire d’origine». Une action de coopération régionale «gagnant-gagnant» également éligible aux moyens européens.
Une économie tournée vers la solidarité
Autre projet : celui de développer une plate forme d’apprentissage doublée d’un pôle d’accueil à vocation touristique sur le magnifique site de Mtsangabeach. «Il s’agirait de créer une entreprise d’insertion spécialisée dans la protection sociale et l’environnement. C’est de l’économie sociale et solidaire, une solution pérenne de développement pour Mayotte». Et également éligible au Fonds social européen. Un outil qui permettra de créer 37 à 40 emplois selon Philippe Duret et, anticipant une observation de Thierry Repentin qui rappelait que «l’Europe investit, elle ne subventionne pas», permettra de dégager un chiffre d’affaire prévisionnel de 900.000 euros en 2016.
Le ministre prenait la parole pour rappeler qu’il était là pour s’assurer de la consommation des 340.000 euros de Fonds de cohésion. Et, dans une logique de copilotage, «si les collectivités locales suivent, nous accompagneront». Aucun représentant du Conseil général n’était présent.
L’Europe ouvre le champ des possibles puisque le ministre annonçait qu’une directive venait d’être votée mardi par le Conseil européen permettant à une collectivité locale d’ouvrir ses marchés publics à l’économe sociale et solidaire. «Les Etats ont deux années pour la traduire dans le droit national». Et il confirmait que la problématique des mineurs isolés «est bien éligible aux fonds européens».
Pour finir, le ministre appelait à se déplacer le 25 mai 2014, date des élections du Parlement européen.
Anne Perzo-Lafond