La visite de Thierry Repentin n’aura pas été une visite ministérielle totalement ordinaire. Des petites entorses auront ajouté un « plus ».
Il fut un temps où l’itinéraire des ministres en visite à Mayotte était calqué sur un schéma «environnemen-talement» correct. Pas ou peu de poubelles sur les bas côtés, surtout pas de bangas aux tôles mal ajustées, et les routes que devaient emprunter la délégation perdaient miraculeusement leur aspect gruyère.
Thierry Repentin n’aura pas eu cette chance. Ou plutôt cette malchance… Il aura découvert l’île telle que nous la vivons au quotidien. Le titi (petit garçon) qui porte à Koungou le bidon d’eau familial sur la tête, les trous inévitables de la route qui mène du rond-point de Longoni au port, et de celle qui conduit au Centre Universitaire de Dembéni, les éboulements qui entraînent avec eux arbres et bangas. Même la météo s’y est mise : les trombes d’eau qui se sont abattues jeudi sur Mamoudzou ont mis en évidence les besoin de l’île en matière d’évacuation des eaux pluviales et résiduaires, de collecte des déchets drainées par les torrents de boue.
Des remontées à Bruxelles
Le ministre va donc faire remonter à l’Union européenne ce qu’il a observé a-t-il déclaré à la presse. Un ministre «peu voyant, mais présent» tel qu’il se définit, qui est allé au devant des étudiants et qui a plusieurs fois détourné l’agenda officiel.
Ainsi, la visite du centre hospitalier de Petite-Terre a duré plus longtemps que prévue. Le rendez-vous suivant annulé pour cause de problèmes météo, le ministre s’est attardé dans le bâtiment de l’hôpital de Dzaoudzi où les «évaluations sanitaires» des personnes reconduites à la frontière sont effectuées. Une longue discussion avec les personnels soignants et les autorités de gendarmerie, pour se faire expliquer, dans le détail, le déroulement des procédures.
Et si, derrière les barreaux, aucun migrant n’attendait le ministre, le passage dans cet univers carcéral au sein de l’hôpital ne va pas sans laisser de traces.
Contre la tentation de trop en faire
Ayant remarqué la délégation de religieux mahorais venus accueillir le député européen Younous Omarjee qui les avait soutenus lors de leur voyage métropolitain et européen, Thierry Repentin a souhaité se rendre à la mosquée de Dzaoudzi Labattoir qui avait été profanée. Accueilli par une boueni (femme en salouva) qui l’interpellait « il faut que les coupables soient jugés ici ! », et entouré des religieux dont le représentant du Conseil représentatif des musulmans de Mayotte, il a assuré de la bonne volonté de la justice, «ils seront jugés le plus rapidement possible», et de la hiérarchie des militaires, «des sanctions administratives ont été prises rapidement». Et il a réaffirmé que «dans notre République laïque, chacun est libre de pratiquer le culte de son choix».
Le ministre a également mis en garde contre la tentation de trop en faire, «ne donnons pas des armes à ceux qui veulent nous diviser». Un échanges salué d' »Allah akbar, Dieu est grand »!
La rédaction
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