Education : le constat, encore et toujours

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George Pau-Langevin lors de sa visite du collège de Doujani au mois de février 2014

On espérait quelques annonces fortes lors de la visite de George Pau-Langevin, la ministre déléguée à la réussite éducative. A l’issue de sa première journée à Mayotte, on est resté sur des constats, souvent accablants, des nombreux échecs du système éducatif.

Le préfet, le maire de Mamoudzou, le principal du collège de Doujani et le vice-recteur entourent la ministre, sous le regard des gamins des bangas
Le préfet, le maire de Mamoudzou, le principal du collège de Doujani et le vice-recteur entourent la ministre, sous le regard des gamins des bangas

Dans un département ultramarin où la moitié de la population a moins de 17 ans et demi, on pourrait considérer que la ministre de la réussite éducative est presque plus importante que le ministre des outre-mers. Les visites, très nombreuses, programmées à l’agenda mahorais de George Pau-Langevin étaient propices à de nombreuses annonces. Maternelle, collège, lycée professionnel, problématiques du handicap à l’école… Partout, les enjeux éducatifs sont énormes. On espérait beaucoup, peut-être trop.

75% de jeunes «illettrés»

La ministre aura probablement retenu beaucoup de témoignages ou d’expériences de ses rencontres. A chaque fois, elle les a soigneusement pris en notes. Comme peut-être ce chiffre qu’elle a fait répéter deux fois au préfet : 75% des jeunes mahorais sont considérés comme illettrés lors de la «journée défense et citoyenneté». Bien sûr, beaucoup d’entre eux savent lire et écrire mais ces 75% ne comprennent pas le contenu des phrases écrites en français. Le préfet a même relevé que 4% des étudiants qui entrent à l’université de Dembéni (CUFR) sont considérés comme illettrés, ajoutant que des enseignants du 1er degré ont été mis à disposition du CUFR pour une remise à niveau.

Peut-être aussi, la problématique du manque de classes est-elle devenue concrète pour George Pau-Langevin à Kaweni, lors de sa visite d’une école maternelle. Dans le quartier nord de Mamoudzou, seuls 35% des élèves suivent les trois ans de maternelle. Pire, 5 à 10% des enfants entrent directement au CP sans jamais avoir été scolarisés auparavant. 350 élèves manquent ainsi à l’appel de l’école maternelle dans le quartier. «Pour quelle raison ?», interroge la ministre. «Il n’y a pas de place», répond simplement le vice-recteur, alors que l’ensemble des écoles du quartier fonctionnent déjà en rotation.

Voir les grosses difficultés de Mayotte

A l'école maternelle de Kaweni
A l’école maternelle de Kaweni

A Doujani, collège dynamique, en pointe dans l’intégration dans son quartier et dans l’implication des parents, George Pau-Langevin a entendu les expériences menées par l’établissement, comme l’accompagnement éducatif ou l’école ouverte. Des parents peuvent même venir assister aux cours. La CIPA* intégrée à l’établissement accueille 90 élèves de 16 à 18 ans en échec scolaire, venus suivre des formations en alternance avec un certain succès. «Ces élèves qu’on récupère sont sans solution. A 16 ans, à part voler des ordinateurs ou casser des voitures, sans la CIPA, ils n’ont pas d’avenir», insiste le principal.

Une expérience qui fonctionne et qui devrait déboucher sur la création d’une deuxième CIPA à Mayotte, espérait une professeure. Un prof d’EPS soulignait, lui, des locaux pour le sport toujours insalubres et parfois dangereux. Une autre mettait en avant le très faible nombre de médecins scolaires… Des constats et des demandes, connus de tous, que la ministre a entendus de vive-voix. «Ce voyage m’a permis de voir les grosses difficultés qu’il y a à Mayotte», confiait-elle.

Bien sûr des expériences fonctionnent. Bien sûr, «on progresse» dans l’apprentissage du français comme le soulignait un professeur à Doujani. Mais il concluait «qu’il faudra du temps». Manifestement, pour passer du constat des échecs de l’Education nationale aux solutions massives pour y remédier aussi.
RR

*CIPA : Classe d’Initiation Préprofessionnelle en Alternance

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