Boitiers électriques non protégés, câbles qui pendent au dessus des cours… autant de risques pour petits et grands contre lesquels Electricité de Mayotte (EDM) veut prémunir la population et se protéger. Particuliers et professionnels sont la cible d’une campagne de communication.
Trois causes essentielles sont à l’origine des dégradations sur le réseau électrique de Mayotte : le vandalisme sur les compteurs et armoires, l’urbanisation au mépris des règles de prudence et l’arrachage des câbles souterrains par les engins de chantier.
EDM a voulu interpeller professionnels et particuliers en lançant dès vendredi une vaste campagne d’information. «L’objectif est d’éviter les accidents mortels. Nous comptons environ deux électrifications connues chaque année qui peuvent aller jusqu’au décès», indique Olivier Flambard le directeur général d’EDM. Ce fut le cas en 2012 à Chembényoumba quand un bébé a touché un câble à terre arraché auparavant par une camionnette, «le propriétaire de l’habitation l’avait manipulé sans le remettre à la hauteur réglementaire».
Pour chaque public, un clip sera diffusé pendant deux semaines et des affiches apposées dans les agences accueillant la clientèle. Le message destiné aux particuliers, «La sécurité, cela ne tient qu’à un fil», rappelle les règles à respecter : avoir recours à un électricien professionnel, prévenir les services d’EDM en cas de construction ou de transformation de son habitation.
Deux cas de figure peuvent se présenter : «soit la maison empiète sur le domaine public et se trouve sous un réseau, il faut dans ce cas stopper la construction, soit le réseau date des années 80, époque d’électrification rapide du territoire et surplombe un domaine privé, EDM doit alors déplacer ses ouvrages», explique Olivier Flambard qui illustre ses propos par le cas d’une construction de maison autour du fil : «le câble passe dans la salle de bain en pendant et sert à suspendre les serviettes !»
« N’avancez pas dans le noir »
Les professionnels que sont les entreprises de travaux publics, les élagueurs, les travailleurs forestiers et les maîtres d’ouvrage sont également rappelés à l’ordre : «chaque entreprise a l’obligation légale de s’informer de l’emplacement du réseau». Car plus de la moitié des câbles est posée en souterrain en Grande Terre, «et on atteint les 100% en Petite Terre», complète Soifaoui Loutfi, chargé de communication chez EDM.
Chaque année se sont ainsi une dizaine de câbles déterrés que déplore EDM, «provoquant des accidents graves et des coupures pouvant aller jusqu’au black out». Ce fut d’ailleurs le cas en janvier et mars 2012, «deux blacks out provoqués par des arrachages de câble par une pelle mécanique». «Respectez les procédures, n’avancez pas dans le noir» sera le messages véhiculé vers les professionnels.
Un étage sous la ligne haute tension
La pose de la ligne haute tension de 20.000 volts rend plus que nécessaire ces consignes de sécurité, «une habitation placée en dessous avait commencé à rajouter un étage…»
Frédéric Placide, le chef de projet Réseau électrique et système, rappelle qu’il est impossible de retirer son doigt d’une pièce nue sous tension. Pour prévenir ces risques, EDM ne se cantonne pas à une campagne de communication-média, mais envoie depuis le mois de septembre 2013 une équipe de deux personnes par les routes et les pistes de Mayotte : «trois villages ont été visités, Mamoudzou, Mtsapéré et Kawéni, et 502 situations à risque ont été détectées». Sont concernés les quartiers dits «aux normes», et non les branchements illégaux. «En cas de danger imminent, nous intervenons évidemment immédiatement».
92 villages sont encore à visiter, «avec à chaque fois des coûts inhérents à la mise en conformité», conclut Olivier Flambard.
Anne Perzo-Lafond