Il a fini 4e aux Jeux olympiques d’été de Séoul en 1988. Le Réunionnais Jean-Louis Prianon sera le parrain de la course de 10 kilomètres sur route programmée le 2 mars prochain à Mamoudzou. Il accepté de répondre aux questions du JDM.
Le Racing Club de Mamoudzou (RCM) organise un 10km sur route à Mamoudzou le 2 mars prochain. Ce sera la première compétition mahoraise à être reconnue par la fédération française d’athlétisme. Pour la première fois à Mayotte, les coureurs pourront connaître véritablement leur valeur grâce à un système de chronométrage homologué. Pour les meilleurs, elle sera également qualificative pour les championnats de France. (Les inscriptions sont ouvertes. Voir sous l’interview).
Cette course aura un parrain prestigieux en la personne de Jean-Louis Prianon. Le Réunionnais, âgé de 54 ans, a un palmarès de premier ordre : Médaille d’or sur 3.000 mètres steeple, 5 000 mètres et 10 000 mètres aux Jeux des îles (1979), champion de France sur 5.000 mètres (1985 et 1990) et 10.000 mètres (1985 et 1986) et quatrième aux Jeux olympiques d’été à Séoul en Corée du Sud sur 10.000 mètres en 1990… Autant dire que la distance de 10km, il connaît !
Le JDM : Pourquoi parrainer le 10km de Mamoudzou ?
Jean-Louis Prianon : Je connais bien Mayotte, j’ai même eu l’occasion d’être le speaker du Mahoraid ! J’ai découvert Mayotte en tant que compétiteur, j’avais fait en particulier le «Tour de l’île», une course en relais de 10km. J’avais fait le 1er et le 11e relais. Depuis, j’ai suivi, impuissant, les difficultés que la ligue d’athlétisme a connues. Alors, aujourd’hui, voir un gars comme Sébastien Synave (organisateur du 10km avec le RCM) qui se bat pour défendre l’athlétisme et créer une course qualificative aux championnats de France, je ne pouvais qu’adhérer. Sans aucune prétention, je lui ai proposé d’être le parrain. J’espère que le fait d’être là portera chance à cette première édition !
Le JDM : Vous ne vous êtes jamais éloigné de l’athlétisme ?
Jean-Louis Prianon : Jamais ! Aujourd’hui encore, je suis responsable d’athlètes et je viens avec quatre d’entre eux qui participeront à la course 10km : François Lebon, médaille d’or au marathon des Jeux des Iles en 2011; Bruno Bestman, champion de La Réunion de 10.000 mètres en 2013 ; et deux féminines, Anne Atia, championne du 10km sur route à La réunion en 2013 et Eugénie Mareux, également très bonne spécialiste du 10 km.
Ces quatre athlètes font partie d’un team, comme il y en a beaucoup à La Réunion. Ce sont des athlètes qui se regroupent derrière des marques. Ça permet d’avoir des moyens, des équipements et de bien progresser.
Le JDM : Vous êtes évidemment toujours un exemple pour les athlètes actuels…
Jean-Louis Prianon : J’étais sportif de haut niveau et quand je suis rentré à La Réunion, je gagnais toutes les courses, on ne pouvait pas y couper !
Mais ce qui m’occupait le plus à mon retour, c’était mon métier. J’étais animateur prévention. Je m’occupais de jeunes en grandes difficultés à Saint-Denis. Et grâce au sport, j’ai pu les remettre dans le droit chemin. Vous savez, je viens à Mayotte pour les 10km, mais j’aimerais bien que ma présence serve aussi de message. Quand je serai à Mayotte, si je peux aller dans un club ou dans une école pour parler de ma propre expérience, ça me ferait vraiment plaisir.
Le sport est vecteur de réussite et d’intégration sociale et notamment la course à pied. C’est un sport où on ne peut pas tricher avec les règles d’hygiène, physiques et sportives.
Le JDM : Vous parlez d’intégration sociale, ça a été le cas pour vous ?
Jean-Louis Prianon : Je suis né à La Réunion, à un endroit que même les Réunionnais ne connaissent pas forcément, dans les hauts de Saint-Joseph. J’étais fils d’agriculteur, de planteur de canne à sucre. Mais, dans le sport, comme dans la vie, peu importe d’où on vient. Il faut tomber sur les bonnes personnes. Et c’est souvent un choix. Quand j’étais jeune, j’étais oisif mais j’ai rencontré un animateur jeunesse dans un club et puis ensuite des entraineurs qui m’ont permis d’arriver au haut niveau. Quand on vient de rien, c’est possible de réussir. Mais il faut forcer le destin et trouver les bonnes personnes.
Le JDM : Et vous avez réussi…
Jean-Louis Prianon : Quand je dis que le sport est vecteur de réussite, c’est très concret. Pour moi, aller dans les compétitions le week-end, ça voulait dire que je prenais le bus et que je voyais d’autres villes. Quand j’ai fait partie de la délégation de La Réunion, ça me permettait de voyager à l’Ile Maurice. Ma maman n’aurait pas eu les moyens de me payer un billet. J’ai vite appris que le sport allait me permettre de m’en sortir.
Et puis, quand aux championnats de France j’ai fini sur le podium, j’ai eu le déclic. Nous, les Réunionnais, on a longtemps eu le complexe «zoreilles», on se disait que les métropolitains, ils faisaient toujours mieux que nous. Il a fallu qu’un premier Réunionnais ait une médaille, c’était moi en 1977, pour qu’ensuite beaucoup d’autres remportent de nombreuses médailles et fassent belles performances.
Le JDM : Jusqu’aux Jeux olympiques où vous terminez 4e, à Séoul en 1988, sur 10.000 mètres…
Jean-Louis Prianon : C’était l’aboutissement de beaucoup de travail, personnel et d’équipe. Et vous savez, au-delà des Jeux olympiques, la nouvelle qui me fait très plaisir ces jours-ci, c’est le record du monde de Renaud Lavillenie. Chaque année, au mois d’avril, l’équipe de France de perche vient s’entrainer à La Réunion. Et parmi les cadres, il y a Philippe d’Encausse et Thierry Vigneron qui faisaient partie de l’équipe de France d’athlétisme en même temps que moi. Çà nous fait toujours plaisir de nous revoir.
Le JDM : Vous parliez de déclic à La Réunion. Vous pensez que ce déclic viendra à Mayotte ?
Jean-Louis Prianon : Moi je dis que, peut-être cette course va-t-elle permettre de relancer l’athlétisme à Mayotte. Elle pourrait redonner confiance aux institutions et aux compétiteurs. Les Mahorais vont tout de même avoir une course de référence pour savoir ce qu’ils valent et ça laisse un bon de temps de préparation pour être prêts pour les jeux des iles en 2015.
Athlètes, quel que soit votre niveau, ne tardez pas. Les inscriptions pour le 10km sur route du 2 mars sont ouvertes. Pour s’inscrire, il suffit d’envoyer un email avec les noms, prénoms, date de naissance à sebastien.synave@wanadoo.fr ou au 0639.69.30.90. Attention, il ne sera pas possible de s’inscrire le jour de la course.