Le décès par pendaison d’un adolescent a nécessité un transport du corps vers le Centre hospitalier que refusait la famille. S’en sont suivies de fortes tensions qui appellent à une information urgente des habitants.
Mardi, le capitaine de police Chaharoumani Chamassi est appelé pour une tentative de suicide. Une maman, habitant une case de 8m sur 5m dans le quartier Bandrajou de Kawéni, crie, interpelle les voisins : son enfant de 15 ans vient de se pendre. Les secours tentent en vain de ranimer l’adolescent. A 10 heures, le décès est constaté. Mais le jeune est reconnu comme étant impliqué dans des affaires de vol, et devait être placé par la protection judiciaire des mineurs comme son jeune frère.
Le médecin ayant émis un obstacle médico-légal, le corps devait être acheminé vers l’hôpital. Et comme souvent en pareil cas, c’est l’incompréhension qui domine. Le capitaine Chamassi a bien essayé d’anticiper et de rassurer la maman, « mais le beau père est sorti et a commencé à haranguer les passants en sous-entendant que nous allions arriver « en armée » pour prendre le corps de force ». Le vice-procureur Michel Alik est sur place alors que la situation devient de plus en plus tendue.
Pendant quatre heures, le policier va se prêter à une négociation houleuse, joue tour à tour l’apaisement et la fermeté, explique à la maman qu’elle n’aura rien à payer. Mais celle-ci est persuadée qu’à l’hôpital, les organes de son fils seront prélevés pour être utilisés.
Cette situation, Chamassi l’a vécue de nombreuses fois, « notamment à l’hôpital où des foundis voulaient récupérer un corps ».
Dans ce domaine aussi, le droit commun s’applique. Mais rien n’a été expliqué à la population : « c’est aux élus de prendre la parole pour expliquer la législation française. Quand la douleur est là, la colère de la famille est indéfinissable. Quelqu’un peut très bien commettre l’irréparable contre un policier ou un magistrat. Nous étions très vigilants hier sur une situation qui était proche du dérapage ! » Des hommes avaient d’ailleurs été postés non loin de là, au cas où.
La raison de la récupération momentanée du corps est la recherche des causes de la mort, et qu’il est ensuite rendu à la famille, comme ce devait être le cas aujourd’hui.
L’officier musulman et qui parle le shimaore s’interroge de ce qu’il adviendra le jour où c’est un de ses collègues métropolitains, étranger à la langue et à la culture qui le remplacera…
Et les heures passées auprès de la famille sont amputées sur sa journée de travail. Une sensibilisation de la population devient donc urgente, elle ne sera comprise et appropriée que si elle vient d’un élu.
Anne Perzo-Lafond
Quand les les mahorais comprendront-ils que puisqu’ils ont voulu être français ( ce qu’ils ne seront jamais) ils doivent respecter les lois de la République.