Elles se sentent exclues d’une activité économique qui leur échappe : les Petites et Moyennes entreprises (PME) de Mayotte, qui sont surtout Très Petites (TPE) ici, grondent. Une situation que certains avaient prévu.
La Confédération des PME (CGPME) envoie un communiqué très pessimiste mettant en avant des chefs d’entreprises oubliés : «non respect des règles de l’allotissement, difficultés de financement (banques frileuses, aides financières inexistantes), factures impayées des collectivités locales et charges sociales et fiscales trop lourdes par rapport au niveau de l’activité à Mayotte… les patrons des PME et TPE de Mayotte sont excédés».
Leur trésorerie fait défaut, «alors qu’on est soumis à des dispositifs réglementaires toujours plus complexes, et à une taxation croissante doublée par des cotisations sociales que nous ne pouvons plus payer», indique Solo Bamana, de Mayotte Ingénierie et Conseil (MIC).
Les majors ne sous-traitent pas
Ils se sentent exclus des marchés : «nous avions demandés des appels d’offre avec de petits lots pour pouvoir y répondre, mais l’Etat à travers l’Education nationale pour les collèges et lycées, ou l’Equipement, sort des marchés uniques». Des marchés qui correspondent aux capacités des deux ou trois majors des Travaux publics de la place, «mais ils ne sous-traitent pas, et pratiquent au contraire des prix tellement bas que personne ne peut suivre».
Les chefs des petites entreprises attendent beaucoup des collectivités qui sont les premières mauvaises payeuses, et dont la commande publique a chuté en 2013, et alors que parallèlement «le secteur public avec l’indexation, renforce son statut de secteur protégé». «Nous demandons que ces collectivités mettent en place une plateforme d’initiative locale pour les porteurs de projets et un fonds consacré au soutien de l’économie locale sous forme d’avances remboursables, de subventions pour soutenir nos projets d’investissements».
Appel à l’aide
Les solutions, ils n’en ont pas. Ils ne veulent surtout pas de tempête sociale, comme «une grève des impôts ou un refus d’acquitter des cotisations sociales. Croire que du chaos peut naître la solution, c’est au mieux faire preuve d’une grande naïveté et, au pire, jouer à l’apprenti sorcier», disent-ils. Mais appellent à l’aide : «chacun doit faire son travail, l’Etat, les Chambres de Commerce et des Métiers… Nous n’avons aucune information, aucune formation», ne décolère pas Solo Bamana qui indique que seulement 10% de leurs 2.000 membres artisans sont en capacité de fournir une garantie décennale».
Lors du Maydev organisé par la SIM l’année dernière, on évoquait le manque de productivité des petites entreprises du bâtiment: un travail en deçà de la norme et pour lequel il faudrait une structure coopérative capable de mutualiser des moyens afin d’envoyer le personnel en formation. Une piste avait été évoquée, celle de la mise en place d’un Centre de gestion agréé pour aider les micro-entreprises à raccrocher le train de la garantie décennale… sans quoi, la plupart d’entre elles, encore constituées de foundis illettrés, vont couler.
Anne Perzo-Lafond