Jouer à la justice : une autre façon de suivre les cours de droit

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Les élèves de 2nde du lycée professionel de Kaweni avec Marie-Laure Piazza, la présidente du TGI, et Soizic Kaerzreno, leur prof de droit, devant la salle d'audience ce mercredi matin

Des élèves de seconde du lycée professionnel de Kawéni approchent le droit d’une façon inédite à Mayotte. En plus des cours, ils écrivent la reconstitution d’une audience correctionnelle. Ce mercredi matin, ils sont allés voir les vrais procès.

Les élèves de 2nde du lycée professionel de Kaweni avec Marie-Laure Piazza, la présidente du TGI, et Soizic Kaerzreno, leur prof de droit, devant la salle d'audience ce mercredi matin
Les élèves de 2nde du lycée professionel de Kaweni avec Marie-Laure Piazza, la présidente du TGI, et Soizic Kaerzreno, leur prof de droit, devant la salle d’audience ce mercredi matin

Le public de l’audience correctionnelle de ce mercredi était assez inhabituel. Sagement assis au fond de la salle du Tribunal de Grande instance (TGI), des élèves du lycée professionnel de Kawéni souhaitaient ne rien rater du déroulement des affaires du jour. L’autorité du Président, l’esprit de synthèse de la procureure, l’éloquence des avocats… ils étaient à l’affut du moindre détail. Et pour cause : ils vont bientôt endosser leur rôle.

Cette classe de seconde aborde le droit d’une façon inédite à Mayotte. S’ils suivent des cours traditionnels, ils participent également à un projet qui va les amener à reconstituer un procès de correctionnelle. Raoudhoiti va donc bientôt revêtir la robe de Présidente pendant qu’Anli sera à la barre en tant qu’accusé… Unique garçon de la classe, c’est lui qui va prendre le rôle du prévenu.

Faire tomber les masques

Ces élèves ont écrit d’un bout à l’autre le déroulement de l’audience. L’affaire fictive est celle d’un homme accusé d’avoir maltraité sa femme et sa fille… mais l’affaire risque de se révéler plus complexe que prévue. «C’est une autre manière de faire comprendre aux élèves les rouages de la justice et très concrètement les missions de toutes les professions qui sont amenées à intervenir. De celle façon, ils réalisent que le droit, ce n’est pas seulement quelque chose de théorique», explique Soizic Kaerzreno, professeur de droit au lycée de Kawéni.

Le temps d'une audience, ces élèves seront bientôt le prévenu, une témoin, la juge et une avocate
Le temps d’une audience, ces élèves seront bientôt le prévenu, une témoin, la juge et une avocate

Plusieurs établissements de Mayotte ont signé un partenariat avec les institutions judiciaires. «Certains travaillent sur la nationalité, d’autres sur l’état civil ou la justice des mineurs. D’autres encore ont choisi de se pencher sur des affaires en lien avec leur établissement», précise Marie-Laure Piazza, la présidente du TGI qui s’est impliquée dans le projet des élèves de Kawéni. Elle s’est déjà rendue plusieurs fois dans leur classe pour les aider à élaborer leur audience.
«Il a fallu en temps d’adaptation, comme si on devait faire tomber les masques, relève Marie-Laure Piazza. C’était la première fois qu’ils rencontraient un juge… et leur attitude est finalement assez rassurante sur l’image que renvoie la profession!»

La salle d’audience sera leur salle de théâtre

Aujourd’hui, de la même façon, un des objectifs était de s’approprier les lieux de la justice sans se laisser intimider car cette salle d’audience va devenir leur scène de théâtre. Ils y joueront leur propre procès correctionnel au début du mois de juin.
«L’histoire est bouclée, on est maintenant à la phase de ‘professionnalisation’ en rajoutant des termes juridiques au déroulement de l’audience», s’amuse Marie-Laure Piazza.

L’expérience semble enthousiasmer les élèves bien loin des cours de droits parfois un peu ennuyeux. Car si ce projet est aussi l’occasion de travailler leur français, il permet finalement de mettre à jour des personnalités : les plus timides pourraient bien se révéler être les plus éloquents.
RR

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