Les figures, les forces politiques, et la grande dispersion des voix : que retenir du premier tour des élections municipales 2014 à Mayotte.
La dispersion des voix sur l’ensemble des listes amène à une situation qu’on ne retrouve dans nul autre département à l’issue du premier tour des municipales 2014 à Mayotte.
Certes, à Sada et Dzaoudzi, les jeux sont faits, avec une élection qui s’est jouée dès ce premier tour.
Mais dans les 15 autres communes, le paysage politique est grandement morcelé. 71 listes étaient en compétition dans ces 15 villes. A l’issue de ce premier tour, il n’y a en a que 15 éliminées car ne dépassant pas le seuil des 10%.
Cela signifie qu’il reste encore 56 listes qui peuvent se maintenir : en regardant les résultats, on pourrait avoir six triangulaires, sept quadrangulaire et même deux quinquangulaires : à Koungou et Mamoudzou, cinq listes peuvent se maintenir !
Tout au long de la journée et jusqu’à demain mardi, des négociations vont agiter le microcosme politique local. Les listes qui ont dépassé les 10% peuvent en effet fusionner pour se présenter au second tour. Le paysage pourrait donc se recomposer autour d’alliances : affinités, amitiés, étiquettes politiques devraient jouer à plein… pas sûr, dans cette mesure, que les discussions autour des programmes soient véritablement l’enjeu central.
Les forces politiques.
L’UMP avait déjà démontré sa capacité d’organisation en présentant le plus grand nombre de listes dans notre département. Ce premier tour des élections municipales a de quoi soulager le parti après un long déclin électoral à Mayotte. A Sada, sa candidate passe au 1er tour, quatre autres têtes de listes sont en pole position, sept occupent la deuxième place. Malgré les dissidences, l’étiquette UMP confirme donc qu’elle reste porteuse dans notre département. Rien n’est joué, pour autant, pour le second tour : les alliances avec le centre et des divers droites sont possibles mais d’autres alliances du type «Tout sauf l’UMP» pourraient aussi s’organiser.
La grosse désillusion de la journée électorale est pour le MDM. Le Mouvement pour le développement de Mayotte fait des scores très décevants aux vues de ses ambitions, ne parvenant pas à se hisser en tête de ce premier tour dans la moindre commune. Sur Petite-Terre, la liste MDM (avec Daniel Zaïdani en 21e position) n’est qu’en 3e position avec 22,4% à Pamandzi. Celle de Dzaoudzi, portée par le maire sortant, est balayée avec 27% par la victoire au 1er tour de Saïd Omar Oili.
La position la plus favorable semble être celle d’Ibrahim Boinahery à Tsingoni, le maire sortant et président de l’association de maires est en deuxième position à 12 voix de l’UMP.
De nombreuses listes «sans étiquette» font de très bon scores et bousculent les états-majors. Quant au PS, malgré ses trois parlementaires, son implantation locale reste fragile. De nombreux candidats ont en effet choisi de ne pas afficher le nom du parti, préférant porter des «alliances» de gauche.
Les figures.
Anchya Bamana (UMP) est élue au premier tour à Sada mais sa courte victoire avec à peine 32 voix d’avance ne la place pas en position de force, sa légitimité, fragile, ne manquera d’être mise en question par ses opposants.
Le grand gagnant de la soirée est donc Saïd Omar Oili (NEMA), dont on subodorait une possible victoire dès le premier tour. Il emporte tout avec 60% des suffrages, provoquant cette remarque amère de Daniel Zaïdani sur Mayotte 1ère ce dimanche soir : «J’espère qu’il ne va pas gérer la commune de Dzaoudzi-Labattoir comme il a géré le Conseil général.»
Saïd Omar Oili inflige la seule défaite à un maire sortant lors de ce premier tour, le MDM Mohamadi Bacar Mcolo.
Deux maires ratent de peu leur réélection : Fahardine Ahamada (PS) à Bandraboua avec 47,65% et Ali Ahmed-Combo (UMP) à Ouangani avec 48% ses suffrages. A Tsingoni, Mamoudzou, Mtsangamouji, les maires sortants sont au coude-à-coude avec leur principal challenger. Ils semblent en revanche en difficulté à Bandrélé et Dembéni, deux villes dans lesquelles ils se font distancer.
Deux communes à part.
Koungou avait la particularité de détenir le record du nombre de candidats avec neuf listes en lice pour ce 1er tour. Le maire sortant, Assani Bamcolo arrive en tête avec 22,29% alors l’ancien maire (de 2001 à 2008) Saïd Ahamadi «Raos» ne cachait pas sa déception hier soir avec seulement 14,36%, en troisième position derrière la liste UMP. Autre ancien maire à se présenter dans la commune, Ahmed Souffou, déchu de son mandat en 2011 : il rate son retour avec 8,92%.
A Mamoudzou, ce sont les radiations d’électeurs qui jettent un trouble sur le scrutin. Au-delà des résultats, de nombreuses voix s’élèvent depuis hier soir pour faire remarquer que dans cette ville de 52.000 habitants, on ne comptait plus que 11.060 inscrits contre 13.603 en 2012, avant la vague de réinscriptions effectuée au tribunal d’hier. Avec 6.009 suffrages exprimés hier, il aurait suffi d’obtenir 3.000 voix pour être élu. Là encore, la légitimité démocratique de la prochaine équipe municipale sera, sans nul doute, en question.
Et maintenant.
Les listes qui vont se présenter au second tour des municipales, qu’elles soient intégralement maintenues ou recomposées, devront être déposées par les candidats à la préfecture de Mayotte avant demain mardi 18 heures.
Pour bénéficier du dispositif d’envoi postal, la date limite de remise des professions de foi et des bulletins de vote par les candidats au président de la commission de propagande est fixée au mercredi 26 mars 2014 à 12 heures.
La campagne électorale est déjà ouverte et elle prendra fin samedi 29 mars 2014 à minuit.
Si les réunions publiques sont autorisées jusqu’à samedi à minuit, la distribution de tracts devra s’interrompre vendredi soir.
RR