Les plages remplies de déchets ne sont plus une fatalité à Majicavo où une poignée de jeunes adultes ont décidé de prendre les choses en main. Des actions qui vont se répéter.
Moussa, Danielle, Sidi ou Abdou sont à eux seuls un vrai phénomène de société : fatigués de voir les déchets, pneus, plastiques s’amonceler sur une plage de Majicavo Koropa, ils ont choisi de se retrousser les manches, «nous avons contacté le maire actuel (reconduit, ndlr), sans avoir eu de réponse. On a donc décidé de faire son boulot!»
Ils ont créé leur association, «Oulanga Wa Dubaï» («Environnement de Dubaï», du nom de ce quartier de Majicavo) «à la fois pour nettoyer la commune, mais aussi pour lutter contre la délinquance et proposer une animation aux plus jeunes». Derrière, pas d’association humanitaire ou d’adultes encadrant. Ils ont presque tous le même profil : Moussa Moustaka, 25 ans en tant que président, est comme le trésorier adjoint Abdou Bacar, 30 ans, sans emploi. «Plutôt que de traîner, nous avons voulu nous rendre utiles».
Habillés de tee-shirts bleus estampillés Oulanga, ils ont entraîné dans leur sillage les jeunes enfants du village de Majicavo Koropa : «on nettoie la plage parce qu’on n’a pas envie de jouer au foot au milieu de la saleté», rit le petit Hakim. Ils sont tous munis de gants et de poches poubelle : «c’est l’ARS qui nous les a donnés».
Un concours de miss… pour les mamans
C’est en effet sur cette «plage des étoiles» qu’ils ont dressé des cages en bambous et qu’ils viennent taper dans le ballon les week-ends. «C’est notre première action», indique Abdou Bacar le trésorier adjoint qui fait signe aux voitures de passage dont les conducteurs donnent 1 ou 2 euros, «nous récoltons des fonds pour acheter des bouteilles d’eau et de la nourriture pour les petits». C’est comme cela qu’ils ont financé leurs tee-shirts, et, une fois les dernières poches-poubelles fermées, le pécule servira au voulé.
Cette première action en bordure de route est un peu leur vitrine, «nous nous faisons connaître pour nous structurer ensuite et poursuivre nos actions notamment reprogrammer un nettoyage, mais avec des râteaux en état». Les poches poubelles sont alignées sur la route et attendent le ramassage communal… Les jeunes ont essayé, en vain, d’entrer en contact avec les services concernés, nous informent-ils.
Samedi 12 avril, qu’on se le dise, ils mettent les mamans à l’honneur : «Elles défileront, répondront à des questions, on veut les faire sortir de l’ombre au cours d’un ‘Miss mamans’», indique Danielle Aminata, secrétaire de Oulanga Wa Dubaï, et assistante d’éducation à Kawéni 2. «C’est ma mère qui va gagner, c’est sûr!» s’écrie un jeune, casquette à l’envers… ce qui provoque une surenchère dans une cascade de rires !
L’équipe municipale, sous l’égide du même maire, saura-t-elle soutenir ces jeunes adultes qui ont prouvé leur bonne volonté? Ils auraient toute leur place pour être insérés dans une politique de cohésion sociale.
Anne Perzo-Lafond