Les moyens aériens et nautiques dont dispose l’Etat à Mayotte étaient de sortie ce mardi matin prés de l’îlot M’bouzi. Il s’agissait du premier exercice de sauvetage de naufragés après un accident d’avion.
« C’est un exercice qui permet de tester la coordination des moyens de sauvetage » explique l’adjudant de gendarmerie et pilote Paul Rougé lors de la répétition virtuelle sur le ponton de Dzaoudzi. Un peu à la manière de la patrouille de France, chacun, Brigade nautique, hélicoptère, Affaires maritimes, EAM, se remémore son rôle.
C’est l’Ecole d’Application maritime (EAM) qui « prêtait des plastrons », ce qui en langage non militaire signifie que quatre jeunes de l’EAM jouaient les naufragés volontaires, exercice bénéfique pour leur formation en Certificat d’Initiation Nautique (CIN). A peine avoir touchés l’eau, et engoncés dans leurs combinaisons intégrales étanches, ils se resserraient en position « help » en attendant le secours aérien.
Le Congomro de l’EAM déclenchait alors un fumigène orange, balisant la zone de naufrage et indiquant le sens du vent, donnée précieuse à tout secours aérien.
A son second passage, l’hélicoptère lâchait son plongeur et la chaine SAR, comme Security And Rescue, « composée d’un bout, d’une ancre flottante et d’un canot de sauvetage de 6 places conditionné sous plastique qui se gonfle automatiquement au contact de l’eau ». Une simili chaine SAR plus exactement, l’île n’en possédant que quatre, réparties entre l’unité aérienne et l’aéroport, trop précieuses donc à sacrifier en entrainement, « nous utilisons une bille de bois de 30 kg larguée de l’hélicoptère, et dans l’eau, un canot de sauvetage ».
« On replonge quand vous voulez ! »
Le nœud de l’exercice portait sur la technique de largage de la chaine par l’hélicoptère. Les pales soulèvent quantité d’eau, « on en avait plein les narines ! » s’exclameront les jeunes « rescapés », mais le radeau est largué, déployé, et les naufragés embarqués à bord avec des provisions de survie, la brigade nautique ayant épaulé l’opération depuis la mer.
Les Affaires maritimes assuraient l’interface, leur compétence recoupant à la fois le secours en mer et la tutelle de la Marine Marchande. Une opération qui s’est parfaitement déroulée ainsi que le constate un premier débriefing que rapporte Maxime Legathe, adjoint de la direction de l’Unité territoriale, « autant par la mise en situation des jeunes de l’EAM que pour les moyens nautiques qui ont laissé à l’hélicoptère un couloir de sécurité. Ce dernier a pu constater l’impact de l’effet de souffle sur les nageurs ».
« Ha-llu-ci-nant ! » s’exclamaient en chœur Ismaël, Inssa, Nahir ou Ansoir, les rescapés d’un jour. L’un d’entre eux avouait avoir eu peur quand l’hélicoptère est venu stationner au dessus d’eux, « nous avions beaucoup d’eau sur le visage à ce moment », mais si c’était à refaire… « on le refera sans hésiter ! », un cri du cœur. Ils suivent tous leurs 4 mois de formation CIN, financé par le Conseil général et la Dieccte.
« C’est un plus pour eux, plus ils accumuleront de l’expérience dans tous les domaines, plus ils resteront dans la profession » indiquait Eric Bellais, directeur de l’EAM qui souligne que tout est encore à bâtir à Mayotte dans le domaine maritime. Des formations sont en cours au STM ou chez Bolluda (remorquage), mais du côté des pêcheurs, on est encore loin du compte.
De l’avis de tous les participants, l’exercice sera reconduit. Seul le temps nécessaire au reconditionnement de la chaine SAR à La Réunion le contraint.
Anne Perzo-Lafond
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