« Soyez fermes, ne subissez pas vos enfants ! »

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Rétablir l’autorité de l’adulte et réfléchir au parcours scolaire des enfants, voilà les deux postulats assénés plusieurs fois par le vice-recteur aux parents d’élèves. Il en va de l’avenir de Mayotte.

ParentsC’est une recommandation qui va sûrement au-delà de ce qui serait politiquement correct en métropole que faisait le vice-recteur François Coux ce samedi matin aux 200 parents réunis au collège de Doujani pour la matinale « Parents, l’école a besoin de vous ! » : « soyez durs avec vos enfants, mais toujours avec bienveillance ». Un discours relayé par le sénateur Thani Mohamed Soilhi, « les parents sont les piliers de la réussite des enfants ».

Rapprocher les parents de la scolarité de leurs enfants, et donc redonner un sens à la parentalité, voilà pour l’objectif. Mais les discours investissaient vite la vie privée : « un enfant a besoin de manger et de dormir, pas de regarder la télé. Il doit avant tout obéir à ses parents, ne subissez pas ! ». A l’évocation du petit écran, une maman se retourne devant son jeune enfant de 10 ans, « ah ! tu vois ! »… Un début de démission.

Seuls les parents d’enfants de CM1 et de 4e étaient accueillis pour cette édition, « les premiers pour envisager le CM2 avec en ligne de mire le collège, et les seconds dans la même visée pour le lycée, « il faut éviter de partir vers des voies professionnelles par défaut, parce qu’on n’aime pas l’école. Ces filières nécessitent un vrai projet professionnel, réfléchi » indiquait François Coux en accueillant les parents. Selon lui, cette détermination est la seule voie contre l’échec qui a condamné « ce bel outil qu’étaient au départ les classes Préprofessionnelles (PPF) ».

Une fois revenus dans les espaces confinés que sont les classes, les parents osaient la parole. Un papa exprimait ainsi une crainte partagée par beaucoup, qui énerve du côté du tribunal car perçue comme un argument facile, celui des « enfants du juge » : « nous n’arrivons plus à avoir d’autorité sur nos enfants de 16 à 18 ans car ils nous rappellent que pour avoir été trop sévères, certains d’entre nous ont été convoqués par la Police ou se sont retrouvés au tribunal ».

Un argument qui restera porteurs pour tous ces ados tant que le nombre de parents réellement mis en cause et les raisons ne seront pas donnés publiquement.

Une main de fer dans un gant de velours

Un papa inquiet des "enfants du juge"
Un papa qui ne veut pas de parentalité « d’enfants du juge »

« Moi même, il m’arrive de donner une raclée à mes enfants, je ne me suis jamais retrouvé au tribunal ! » s’exclamait le vice-recteur qui nuançait, « il ne s’agit évidemment pas de les battre ! » Le sénateur Thani Mohamed Soilhi relayait : « nous autres Mahorais n’avons pas l’habitude de discuter avec nos enfants. Il faut le faire tout en les corrigeant, c’est comme ça qu’on gagnera la bataille de l’autorité parentale ».

Sur une île où plus de la moitié de la population a moins de 18 ans, c’est un défi qu’il faut absolument gagner pour le vice-recteur, « sans quoi l’avenir de Mayotte est très inquiétant ». En parallèle, il mettait l’accent sur la préparation de la scolarité en compagnie de l’enfant, « il faut les faire rêver ». « Dans les villages, nous avons perdu de vue qu’un enfant ne réussit que s’il est soutenu par la famille » indiquait Thani Mohamed Soilihi qui s’exprimait alternativement en français et en shimaoré.

La langue est une autre problématique, les enfants maitrisant en général mieux le français que leurs parents, les remontées des difficultés scolaires devraient systématiquement se faire par les établissements. L’école des parents était censée travailler avec les adultes sur le français, elle ne fait plus l’objet d’un projet territorial. Des tests d’apprentissage en shimaoré à la maternelle sont envisagés.

Une opération saluée par les 50% de parents de CM1 qui s’étaient déplacés et un quart pour les 4e, « j’avais peur qu’il n’y ait pas de solutions pour mon fils qui travaille mal » indiquait un papa heureux d’apprendre l’existence des classes SEGPA (préprofessionnelles).

C’était la deuxième opération de l’année, la première avait inauguré la rentrée scolaire 2013.

Anne Perzo-Lafond

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