Emploi : surplus d’offres… et de demandeurs !

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La conjoncture semble porteuse pour les offres d’emploi malgré les problèmes de qualification. Rendez-vous est donné sur trois jours pour informer et recruter.

Yann Polard
Yann Polard

«1.700 embauches sont programmées sur l’année 2014, soit une hausse de +61% par rapport à 2013», signale Yann Polard, directeur de Pôle emploi Mayotte lors d’une conférence de presse ce mardi matin. Il synthétise ainsi l’Enquête en Besoin de main d’œuvre menée l’année dernière auprès de 1.000 entreprises dont une sur trois a répondu. Un optimisme à modérer puisqu’il s’agit surtout des entreprises ou associations de zéro salarié, donc encore peu structurées.

Quatre projets de recrutement sur dix concernent des services aux particuliers, principalement dans la santé et l’action sociale, le reste porte sur la construction et les services aux entreprises.

Cependant, 30% de ces offres relèvent de la mission impossible localement : c’est le cas des médecins, des directeurs de structures sanitaires et sociales ou des assistantes maternelles.

Car en face, les demandeurs d’emploi sont faiblement qualifiés et dans des métiers à faible potentialité, environ 20% sont des étrangers en situation régulière. Une déficience qui touche malgré tout des secteurs accessibles, « c’est pourquoi nous avons engagé 250 aides à la formation en 2013 pour 1 million d’euros, dont des grutiers » indique Yann Polard.

L’île absente du site national

Les missions du Pôle Emploi ont récemment évolué à Mayotte : mutation de l’ANPE en 2009, puis intégration des compétences de la Caisse d’Assurance Chômage en 2012, elles ont nécessité la montée en puissance du personnel : « nous sommes passés de 20 à 50 salariés ». Mais si tous les autres DOM sont présents, l’île n’est toujours pas présente sur le site national…

Avec un niveau de chômage estimé par l’INSEE à 36%, « mais un taux d’emploi réel de 40% seulement », le maigre tissu économique de l’île a du mal à absorber les 8500 demandeurs d’emploi qui pointent en fin de mois, dont la moitié concerne des jeunes suivis par la Mission locale.

En octobre 2012, une antenne s’est ouverte à Dzoumogné, rassemblant les 4 communes nord de Mayotte, dont le responsable El Anziz Kamar nous donne les particularités : « environ un quart des demandes d’emplois du territoire, mais freinées par la mobilité en l’absence de transports publics. Peu acceptent de se déplacer à Mamoudzou ou Petite Terre, zones industrielles et commerciales ». Il signale que les frais de recherches d’emploi sont intégralement couverts dans ce cas par ses services.

Le chômage expliqué en shimaore

Nathalie Copin et El Anziz Kamar
Nathalie Copin et El Anziz Kamar

Face à l’étroitesse du marché, Pôle emploi incite les jeunes à créer leur propre activité, en partenariat avec la BGE notamment, ou à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte : « 7 000 personnes quittent l’île chaque année avec les moyens de LADOM, dont 3 500 environ pour une formation ». 1% seulement des demandeurs d’emploi sont diplômés, « ils ne restent généralement pas longtemps au chômage ».

Il n’y a pas encore eu d’ « étude de cohorte » pour connaître le temps moyen avant le retour à l’emploi, « mais nous mettons en place un système informatisé pour les demandeurs d’emploi ». Un numéro simplifié, 39 49, sera mis à disposition en juin.

Trois journées sont proposées à partir de mercredi aux demandeurs d’emploi (voir le Programme RDV de l’Emploi Avril 2014), du Job Dating aux ateliers d’orientation-formation en passant par des réunions d’information à LADOM (assurant la mobilité vers la métropole ou La Réunion) ou des portes ouvertes. « Une sensibilisation des femmes aussi, dont une solution est d’investir des métiers traditionnellement masculins à Mayotte » indique Nathalie Copin, directrice de l’antenne de Mamoudzou.

Une opération de communication qui devrait attirer de nouveaux jeunes vers le Pôle emploi, « surtout que nous allons tester l’utilisation du shimaore pour informer l’ensemble de la population sur les démarches de recherche d’emploi ».

Les inscriptions devraient donc affluer au prochain trimestre, permettant peut-être d’aboutir à un taux de chômage officiel reflétant la réalité.

Anne Perzo-Lafond

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