La réponse à cette question peut, ou non, dénouer le conflit en cours sur le port de Longoni avec un préavis de grève prévu pour ce mardi 22 avril.
« Oui ! » répond Ida Nel, dirigeante de Mayotte Channel Gateway, société créée en réponse au cahier des charges de l’appel d’offre, la Délégation de service public, de gestion du port de Longoni. Selon elle, l’essentiel du chiffre d’affaire de MCG est bien produit par la manutention.
« Non ! » clament en cœur les 67 salariés grévistes de la société qui dénoncent un changement de code APE (secteur d’activité de l’entreprise) en catimini le 10 janvier 2014, « sans en avoir averti le Conseil général », déléguant de la gestion du port. Ce qui modifie la convention collective rédigée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) il y a quelques années lors de la présidence d’Ida Nel, et appliquée par Norbert Martinez par la suite.
Les salariés y perdent des avantages sociaux comme le supplément familial qui ne concernerait alors plus que le personnel de bureau, ainsi que nous l’avait précisé Ida Nel. La femme d’affaire économiserait ainsi plusieurs centaines de milliers d’euros.
Le silence des arbitres
Deux acteurs peuvent trancher : le Conseil général, qui a signé en juillet 2013 avec MCG une convention dans le cadre de « la gestion et de l’exploitation » du port de commerce, comme l’indique un rapport de la Cour des Comptes, et la Préfecture qui doit être garante de la légalité des actes, et donc valider ou non le changement d’APE.
Sans la prise de parole de l’un ou de l’autre, la grève pourrait être dure, comme l’indiquait d’emblée Ida Nel. Une annonce qui fait monter d’un cran la pression sociale, et qui pourrait inciter la préfecture à libérer les axes et pratiquer aussitôt des réquisitions. Ce qui règlerait le conflit, sans que les salariés obtiennent de réponse à la question : appartiennent-ils ou non à une société de manutention ?
Si les évènements se précipitent, c’est qu’Ida Nel avait 6 mois pour régulariser l’ensemble du cahier des charges, et notamment la Convention collective et la remettre au Conseil général, c’est à dire jusqu’au 30 avril.
Les salariés grévistes viennent de nous indiquer ne pas vouloir bloquer, « pour l’instant », le portail d’entrée du port.
Anne Perzo-Lafond