Une vingtaine d’associations travaillent d’arrache-pied dans tout le département à la préparation du carnaval de ce dimanche à Mamoudzou. Le défilé est prévu à partir de 16 heures pour clôturer le 7e festival des arts traditionnels qui se tient pendant trois jours avec danses et expos au programme.
La nuit est tombée sur Tsingoni. Comme tous les soirs, les femmes de l’association «Super succès» se retrouvent pour répéter chants et danses des fesses. Mais depuis quelques jours, elles préparent aussi activement le carnaval de dimanche. Il y a d’abord les tenues.
«On va s’habiller dans les tenus traditionnelles que portaient nos grands-mères, explique Naria «Bisso Na Bisso» qui préside l’association. On a choisi un tissu qui s’appelle Hami et on va avoir des nambawan mais on ne sait pas encore si on les mettra sur la tête où si on les portera un peu négligemment. C’est un couturier qui travaille dessus en ce moment. On lui met la pression pour que tout soit prêt pour aujourd’hui qu’on puisse les essayer avant le jour J.»
Pour la coiffure, la quarantaine de femmes de Super Succès a prévu des coupes en pétard mais le plus gros du travail a été la chanson. «On a créé un chant spécialement pour le carnaval. Comme on est sur un thème autour de l’histoire et de l’esclavage, on est allé voir les anciens qui se souvenaient des histoires de leurs grands-parents pour nous raconter comment c’était à cette époque-là.»
Ces femmes vont donc chanter l’histoire d’Abou Bacari à qui portait les fitako et autres chaises-à-porteurs avec le Silsil (les chaînes) sur le dos. Mais c’est aussi l’histoire de son esclavagiste parti prendre des «leçons de pratique» dans les Caraïbes avant de revenir et de mal finir à Dzaoudzi. L’histoire, aussi dramatique à raconter soit-elle, est surtout l’occasion de grands éclats de rires pour maîtriser les paroles et surtout être sûre de «mettre l’ambiance».
7e festival des arts traditionnels
Ce carnaval est le point d’orgue de trois jours d’animations pour la 7ème édition du Festival des Arts traditionnels de Mayotte, un événement qui entre dans le cadre de la commémoration de l’abolition de l’esclavage du 25 au 27 avril 2014.
Organisé par la direction de l’ingénierie et de la logistique culturelle et événementielle du Conseil général, le festival a débuté vendredi 25 avec une exposition à l’office du tourisme sur les instruments traditionnels et d’objets artisanaux de Mayotte, mais aussi sur l’histoire de la navigation dans le canal de Mozambique. Samedi après-midi, Place de la République, les danses traditionnelles plutôt rares devraient se succéder : Ngoma ya nyombe (à 15h30), patrosi et Troumba (issus du culte des djinns des traditions sakalava) à partir de 19h30.
Pour ce dimanche, les membres des 20 associations qui travaillent au défilé de dimanche comme les femmes de Super Succès, promettent de s’amuser et de divertir tout le monde. Les carnavaliers ont rendez-vous à 15h30 Pointe Mahabou pour une parade qui doit débuter à 16 heures jusqu’à la Place de la République.
RR