Une large pièce où le travail personnel est partagé pour créer une émulation et des ouvertures de nouveaux marchés, c’est le concept du Coworking, importé de Californie. Il arrive à Mayotte après avoir séduit le continent africain.
Développer le territoire par le biais des nouvelles Technologies de l’Information (TIC), pourquoi Mayotte n’en aurait pas le droit ? Le haut-débit était un luxe il y a encore deux ans. Maintenant qu’il est devenu un lieu commun, la tentation est grande d’en adapter toutes les applications. C’est ce à quoi s’attache méthodiquement l’association GEMTIC, née il y a un an et demi d’une côte de la Chambre de Commerce et d’Industrie.
C’est justement lors d’une matinale de la CCI qu’était présenté le Coworking, par la voix de son secrétaire général Rémy Exelmans. «Co wor… quoi ?!», aurait pu se demander son petit auditoire du jour, s’il n’était aguerri… Il s’agit tout simplement d’un espace où l’on peut littéralement «travailler ensemble». Ordinateur, imprimante, savoir faire… tout se partage dans ces «open space», larges pièces où chacun se retrouve pour des échanges censées provoquer une émulation créative.
Comme des petits pains
«Le concept s’adresse à Moussa, créateur d’entreprise qui se sent bien seul ou à un entrepreneur de passage qui n’a comme autre solution que l’hôtel Caribou»… Rémy Exelmans sait parfaitement que les grandes entreprises du coin ont déjà leurs bureaux, elles auront d’ailleurs droit à une pique, «ce ne sont pas elles qui créent des emplois ou de la richesse à Mayotte, ce sont les petites». Un petit hors sujet qui rappelle malgré tout une réalité peu abordée, sur lequel il serait intéressant de se pencher : les entreprises qui ont des filières sur l’île font remonter leurs bénéfices hors du territoire, sans trop y investir…
Le Coworking a été développé en 2005 aux Etats Unis, et a fait tache d’huile : «il y avait 1.779 espaces dans le monde en 2012, il y en avait 2.423 fin 2013… Il s’en ouvre un par jour actuellement !» Il se démocratise et se conjugue au gré des continents : «au Kenya, i*Hub a enregistré 13.000 adhérents en 7 ans et créé 1.000 emplois». Car c’est bien la finalité : «la communication crée de la richesse donc de l’emploi», affirme Remy Exelmans, « par exemple 10% de couverture internet en plus génère 1,4% de PIB en plus sur le continent africain».
Même en Ethiopie qui compte 2.000 adhérents au Coworking ! «Ils ont commencé dans un container avec une clim solaire !»
100 à 450 euros par mois
Et c’est justement pour étendre le concept de communauté dans le travail que va être lancé le Pass Coworker Océan Indien, appliqué au canal du Mozambique : Diego, Majunga, Moroni, Mutsamudu, Zanzibar. Une idée qui se heurte néanmoins à plusieurs problèmes : le coût «qui va de 100 à 450 euros par mois en fonction des pays et de l’utilisation». Impossible à envisager à Madagascar, «il faudrait une caisse de compensation». Mais une méthode de communication qui évite aussi les déplacements, et les frais qui y sont liés.
Autre frein : le déficit de couverture internet aux Comores, «où même Skype ne fonctionne plus», indiquait la représentante de la Mission locale. Remy Exelmans indiquait que le câble LION 3 était annoncé pour la fin de l’année.
Il faut pour commencer trouver à Mayotte une centaine de partenaires privés, «fédérés par une page Facebook à leur intention» et des locaux adaptés. Un projet qui se veut complémentaire de l’indispensable BGE ou du Centre de gestion.
Une idée qui trouvera son public à Mayotte si elle propose un plus comme un guichet unique pour guider les nouveaux chefs d’entreprise ou une imprimante 3D encore absente du territoire.
Anne Perzo-Lafond