Mayotte dans l’espace Schengen ?

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Heureusement, le kwassa était moins chargé que la moyenne de ceux qui touchent Mayotte (Archives. Photo exclusive Anne Perzo-Lafond)

Une proposition choc des conseillers généraux qui souhaitent éveiller Paris à la veille du vote d’un texte sur l’immigration. Le président du département mahorais n’a pas suivi et émet des propositions concrètes.

Daniel Zaïdani lance un plaidoyer pour l'insertion régionale
Daniel Zaïdani lance un plaidoyer pour l’insertion régionale

En donnant leur avis sur le projet de décret portant extension et adaptation à Mayotte du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, les conseillers généraux réunis en séance plénière extraordinaire, savaient que leur vote n’aurait aucune valeur légale.

Mais en souhaitant que Mayotte intègre l’espace Schengen, c’est un appel à l’aide qu’ils lancent au gouvernement. Une sorte de bouée à la mer tant le problème de l’immigration en provenance d’Anjouan, île des Comores la plus proche de Mayotte (70 km), semble insoluble.

En proposant un espace de libre circulation entre les Etats signataires de l’accord paraphé dans la ville luxembourgeoise de Schengen, soit 26 Etats, ils espèrent que les échos atteindront Paris. Une erreur pour le conseiller général de Bandraboua Issihaka Abdillah qui indique qu’en plaçant l’île sous une législation européenne «on va tout droit vers un Lampedusa bis».

Ahamed Attoumani Douchina, instigateur de la proposition rappelle les milliers de morts dans le bras de mer qui sépare les deux îles, les «75 millions d’euros qu’impacte en frais directs et indirects l’immigration clandestine», fruit de la porosité des frontières «compétence régalienne de l’Etat».

«Des radars ou même un mur n’y feront rien», tranchait le président Zaïdani, «la seule façon de résoudre ce problème d’immigration qui est au cœur du développent de Mayotte, est l’intégration du département dans sa région». Il revenait sur l’idée répandue dans les cerveaux énarques mais erronée que l’application des mesures sociales pouvait accentuer l’immigration, «on sait bien que c’est le développement économique et le différentiel qu’il crée avec l’Union des Comores qui est le vrai appel d’air».

Et c’est sur un ton passionné qu’il indiquait que personne ne comprendrait qu’un gouvernement socialiste ne fasse rien, «ils doivent appuyer nos conventions en cours avec Moheli, avec les Seychelles, avec Madagascar», tout en fustigeant l’immobilisme des conseillers généraux mahorais, «un manque de soutien avéré pour une politique d’insertion régionale».

Le gouvernement doit se prononcer sur un décret portant sur l’immigration le 14 mai. Il est possible que l’Union des Comores intègre la liste des «pays sûrs», depuis lesquels on ne peut faire de demande d’asile.

Anne Perzo-Lafond

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