Loin des yeux, loin du cœur ? Pas si sûr tant la politique européenne risque d’interférer dans le développement de Mayotte. Yolaine Costes, candidate UMP à l’eurodéputation, est venue en parler.
Le ministère de l’Intérieur a rendu publiques, ce lundi 5 mai, les listes des candidats aux élections du Parlement européen : 19 listes sont enregistrées pour la circonscription Outre-mer. Les trois députés correspondant aux trois zones, Atlantique, Indien et Pacifique, sont sortants : le Guadeloupéen Patrice Tirolien (PS), le Réunionnais Younous Omarjee (Alliance Outre mer, Front de Gauche), et le Calédonien Maurice Ponga (UMP).
Une des candidates pour l’océan Indien est actuellement à Mayotte. Yolaine Costes, UMP, avait fait un passage éclair sur l’île le mois dernier, elle vient y décliner son programme.
Ses priorités sont bien sûr l’emploi des jeunes en proposant d’allouer à l’Union européenne un vrai budget et un plan anglais pour La Réunion et Mayotte, le développement des entreprises avec notamment un «Small Business Act» réservant une part des marchés publics aux TPE-PME, ou la mise en place d’un guichet unique pour les entreprises.
Mayotte-Réunion même combat
«L’an zéro de Mayotte en matière de politique de cohésion européenne doit s’inspirer des 25 ans d’expérience de La Réunion», plaide la candidate qui donne dans le concret, «sur ma proposition, des administratifs mahorais sont partis se former la semaine dernière dans notre île». Et pour elle, pas question de les opposer : «La Réunion a tout intérêt que Mayotte avance, nous serons plus forts à deux pour défendre les intérêts de l’océan Indien».
Elle craint une forte abstention d’élections qui suivent dans le calendrier une campagne municipale de proximité. « On voit souvent la politique de l’Union comme une politique étrangère dans ces régions ultrapériphériques éloignées de plusieurs milliers de kilomètres du continent européen, alors qu’elle interfère, même souvent inutilement, avec les projets portés par nos territoires ».
Être force de proposition
Elle vient aussi pour dénoncer ces contradictions qu’elle a déjà évoquées sur le sujet pêche, «il faut faire comprendre à l’Europe que la réalité de la pêche en Océan Indien est toute autre que celle de l’Atlantique».
Avec quel moyen de pression ? «L’UMP est intégré dans le Parti Populaire Européen (PPE) dont est membre Alain Cadec qui a défendu les Outre-mer sur le dossier pêche. Il s’est heurté à l’intransigeance de la commissaire Maria Damanakis». Cette dernière défend une pêche durable, sans prendre en compte une filière ultramarine en cours de structuration, qui a besoin d’être accompagnée, surtout à Mayotte où elle est encore artisanale. Alain Cadec avait pourtant obtenu le soutien du président du Parlement, le socialiste allemand Martin Schultz.
Un exemple qui montre toute la difficulté de l’adhésion d’un jeune territoire à une grosse machine en marche : «Au lieu de créer des dérogations, la politique européenne devrait partir de nos spécificités territoriale pour en tirer une logique spécifique». C’est pour cela que les Régions ultrapériphériques européennes ont élaboré et rendu depuis un an leur propre Plan d’action, «celui de Mayotte est rédigé par le Conseil général et doit être rendu d’ici juin».
Abdou Madi Ahmad, conseiller général de Tsingoni de 1994 à 2008, est le régional de l’étape sur la liste de Yolaine Costes. S’il est élu, le 25 mai, il devra porter les axes du Plan d’actions mahorais.
Anne Perzo-Lafond