En un peu plus de deux ans de mandat au Parlement européen, Younous Omarjee s’est fait un nom par son travail dans les arcanes de l’UE. Tête de liste de l’Union des Outre-mer, il présentait ses soutiens en conférence ce vendredi après-midi. Auparavant, il avait accordé un interview au JDM, sans fausse modestie.
Younous Omarjee n’a jamais cessé de se présenter comme le candidat du rassemblement, par delà les intérêts particuliers et les philosophies personnelles, pour défendre les intérêts de Mayotte et des Mahorais. Ce vendredi, lors d’une conférence de presse, il a présenté l’ensemble de ses soutiens, comme un témoignage de cette vision rassembleuse de l’action politique : le Sénateur Thani, le Président Zaïdani, Zakia Méresse, nombre d’élus et de cadres du MDM. Sa colistière mahoraise, Daourina Abdallah est 4e sur sa liste. Son comité de soutien est coprésidé par Cris Kordjee et Christine Daudet.
Le JDM : L’outremer est-il bien représenté au sein du Parlement européen avec 3 députés ? Et Mayotte ?
Younous Omarjee : C’est difficile de demander davantage compte tenu des rapports démographiques. Sur la représentativité de Mayotte, le poids électoral de la Réunion ferme la porte aux Mahorais. C’est la raison pour laquelle je me suis vécu comme un député mahorais. J’ai défendu, je le pense, de façon honnête les neuf territoires dont j’avais la charge et notamment aussi bien les intérêts de Mayotte que ceux de la Réunion. C’est pour cette raison que j’ai donnée la deuxième place (sur la section Océan indien, NDLR) à la Mahoraise Daourina Abdallah.
Que retenez-vous de votre mandat ?
J’ai par mon travail aidé modestement à faire en sorte que les enjeux européens soient connus. On n’a jamais autant parlé d’Europe depuis que je suis député, mais on en parle encore très peu ! J’ai su rassembler. Sur les questions européennes, nous devons nous dégager des clivages partisans, être pragmatiques et efficaces. On n’arrive pas au parlement européen pour défendre un parti, mais défendre les populations que nous représentons.
Nous avons été au rendez-vous de la RUPéisation, défendu les droits de Mayotte concernant les fonds européens, investi les dossiers agricoles. Nous avons aussi été du côté des pêcheurs. J’ai aussi fait en sorte que la population s’approprie les enjeux européens en accueillant les délégations mahoraises à Bruxelles : les jeunes ambassadeurs, des jeunes du BSMA, des personnalités sportives, culturelles, artistiques… Tout cela aussi pour faire en sorte que Mayotte ne soit pas simplement des chiffres aux yeux de l’Europe mais pour montrer qu’il y a ici beaucoup d’énergies qui demandent à être appuyées et fédérées.
Contrairement à mes concurrents, j’ai fait la démonstration de mon action, de mon efficacité et de mon engagement envers Mayotte. Il y a beaucoup d’élus réunionnais qui découvrent Mayotte pendant les élections et qui désertent le terrain une fois élu. Il faut faire attention à ces personnes qui vont à la pêche aux voix des Mahorais qui promettent tout et n’importe quoi. On va avoir pour les RUP des dossiers urgents qui vont être sur la table dès la rentrée parlementaire, on a pas le temps d’attendre. Il faudra être offensif et efficace immédiatement pour défendre et améliorer des propositions. On a des questions comme l’octroi de mer par exemple. Il y a eu une prolongation jusqu’à la fin de l’année pour combler un vide juridique du fait que la réforme n’a pu être menée avant l’échéance de juin 2014. Il est bien évident qu’il faut prolonger le dispositif.
Comment prolonger le dispositif de l’octroi de mer au-delà de cette année ?
Tout le monde attendait une grande réforme de l’octroi de mer, moi-même j’y étais favorable, mais j’ai le sentiment qu’on est passé un peu à côté pour que l’octroi de mer remplisse ses objectifs : développement et emploi. Il faut garder le principe de protection de la production locale. Nos productions locales ont besoin d’un outil de protection. Mais ce pourrait être de moins en moins simple à justifier. S’il y a de nombreuses forces europhobes élues le 25 mai prochain, notamment les Britanniques et l’extrême droite française. Pour la France, l’extrême droite risque d’être la délégation française la plus importante. Il faut savoir qu’ils sont contre le système de la politique de cohésion au sein de l’UE, car ils sont nationalistes. C’est pour cette raison que les députés européens de l’Outre-mer doivent être en mesure de se battre contre cette vision dès la rentrée parlementaire.
Vous vous êtes insurgé contre le montant des fonds européens attribués à Mayotte ? N’était-ce pas un coup d’épée dans l’eau, la décision finale appartenant aux États ?
C’était un combat de principe que j’ai mené, non pas seul, mais avec mes collègues du Parlement. La violence de cette décision n’a pas seulement été faite contre Mayotte, mais contre le principe de cohésion dans l’UE. On ne peut pas accepter que Mayotte commence sa vie européenne par la mise en œuvre d’une discrimination, au lieu de bénéficier de 475 millions d’euros de fonds structurels (FEDER et FSE), n’en touchera que 200 millions. Les autres régions d’Europe ont bénéficié de deux ou trois programmes pour atteindre un niveau de développement élevé. Mayotte est, elle, éligible pour la première fois. Il faut savoir qu’après 2020, il y aura une remise en cause de cette politique de cohésion, on s’oriente vers une dénaturation et une réduction des volumes de la politique régionale. C’est donc dans la programmation 2014-2020 que Mayotte aurait dû toucher le maximum. On ne sait pas s’il aura encore des fonds structurels après 2020. De plus, il n’y aura pas de clause de revoyure en 2016 comme le gouvernement français l’avait annoncé. J’ai posé la question au commissaire Hahn qui dit exactement le contraire, il sera impossible de rattraper les 300 millions, au mieux 5 %.
Votre rapport parlementaire sur les Régions ultrapériphériques (RUP) a été adopté à une très large majorité il y a quelques semaines. Quelle en est sa teneur ?
La grande idée de ce rapport qui concerne un peu moins Mayotte puisque c’est son premier programme. On est enfermé dans les fonds de politique régionale agricole et pêche. Or l’UE a d’autres objectifs, recherche, innovation, transport, développement durable, pour l’instant ils ne sont pas accessibles. Ce rapport vise à lever les verrous pour que nous puissions bénéficier de ces fonds.
N’est pas un paradoxe de demander certaines dérogations aux exigences communautaires pour les RUP et dans le même temps vouloir bénéficier de tous les fonds ?
Non, il ne faut pas avoir une lecture myope de l’article 349 (qui régit les RUP, NDLR). L’article 349 c’est les dérogations, mais c’est aussi l’insertion. À force de vouloir des dérogations, on finit par oublier l’insertion.
Quels seront les axes de votre politique pour Mayotte si vous êtes réélu ?
Il y en a quatre. Premièrement, la mer, les océans : c’est la nouvelle frontière. C’est un nouvel horizon politique, c’est un nouvel horizon de développement. Formons les jeunes aux métiers de la mer. Nous tournons le dos à la mer, mais les autres savent eux l’importance des mers et des grands fonds océanique. On ne doit pas laisser les autres maîtriser ce qui nous appartient et être en dehors des choix stratégiques.
J’ai souhaité faire inscrire le lagon de Mayotte au patrimoine de l’UNESCO, c’est une façon de mobiliser les énergies autour d’une idée qui rassemble et qui nous rend plus fiers, plus grands encore. C’est se tourner vers un objectif commun pour le rayonnement du pays. Je ne supporte plus qu’on ne parle de Mayotte que sous l’angle négatif. C’est mettre la lumière sur les atouts considérables de ce pays. Il faut une force d’entrainement vers le développement.
Ensuite, concernant la maîtrise du flux migratoire, j’ai des réticences par rapport à Frontex (l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne, NDLR), mais Mayotte est aujourd’hui région européenne. Il faut donc voir comment il peut y avoir une surveillance renforcée, en particulier pour éviter les drames en mer, sous l’angle de la sécurité des migrants qui traversent en kwassa. Ce qui se passe à Mayotte est aussi tragique que ce qui se passe aux frontières de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne.
Enfin la devise de l’Europe, c’est « unis dans la diversité ». Il faut appliquer ce principe. Contrairement au modèle assimilationniste français, on peut être pleinement européen en valorisant sa culture, en défendant sa langue, sa manière de vivre, de vivre sa foi. La France devrait s’en inspirer.
Propos recueillis par Axel Lebruman et Rémi Rozié
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