Une première réunion publique sur le classement du lagon de Mayotte au patrimoine mondial de l’UNESCO s’est tenue ce samedi matin à Mamoudzou. Le chemin sera très long.
«Cette proposition n’est pas un coup électoral mais le résultat d’un engagement ancien sur les questions écologiques.» Younous Ormarjee, le député européen en campagne, a pris soin de dégager des enjeux électoraux, la première réunion publique sur le classement du lagon de Mayotte au patrimoine de l’UNESCO. «L’horizon est beaucoup plus grand que l’échéance du 25 mai prochain», a précisé l’eurodéputé, même si la réunion entre dans ses comptes de campagne.
Il faut dire qu’il est l’auteur de la proposition, reçue à Mayotte, avec «un certain scepticisme», reconnaissait Cris Kordjee qui animait la matinée. «Tout le monde est conscient de la difficulté du montage d’un tel projet. Ca prend entre huit et dix ans.» Mais l’ensemble des intervenants a démontré les intérêts et les atouts de Mayotte pour y parvenir.
Une nature et une histoire à part
Un «patrimoine naturel» doit rassembler une dizaine de critères pour être éligible à la liste de l’UNESCO parmi lesquels porter un caractère exceptionnel, accueillir des habitats naturels importants pour la biodiversité ou être représentatif d’un processus écologique.
Houlam Chamssidine, le vice-président des Naturalistes et président de l’association Mayotte nature environnement, est revenu sur la liste impressionnante d’espèces du lagon, «450 espèces de coraux, 971 de mollusques, 580 de crustacés, 760 de poissons, 17 de cétacés…» Tout ce beau monde habitant les 50 hectares de récifs frangeants, les 192 kilomètres de récifs coralliens ou les herbiers marins. Le géographe Saïd Hachim rappelait, lui, l’histoire géologique particulière du lagon qui lui a permis de posséder une double barrière corallienne, des passes et surtout neuf zones bien différentes, chacune porteuses d’espèces particulières.
Enjeux et menaces
Enjeux touristiques pour Michel Ahmed du Comité du tourisme, intérêts des pêcheurs mahorais pour Dominique Marot, président des aquaculteurs, chacun y est allé de son couplet dans une belle unanimité.
Mais les menaces qui pèsent sur ce milieu fabuleux n’échappent à personne. Ce sont les eaux usées et le retard des équipements d’assainissement qui sont le danger le plus «extrême». Les déchets, l’érosion des terres, les menaces d’envasement et certains grands projets d’aménagement dépendent directement des hommes. Jack Pass, grand passionné du lagon, rappelait d’ailleurs que Mayotte ne comptait que 50.000 habitants lorsqu’il est arrivé en 1983, la pression humaine est aujourd’hui indéniable. Mais la nature aussi peut abîmer le trésor sous-marin, en particulier les phénomènes climatiques extrêmes, comme les cyclones ou les réchauffements ponctuels de type el niño.
Un premier courrier
Le président du Conseil général Daniel Zaïdani indiquait que la première étape de ce long travail d’inscription au patrimoine mondial a été franchie. Un courrier qu’il a consigné avec l’eurodéputé Omarjee a été envoyé au gouvernement le 26 mars dernier. A charge maintenant à Paris d’inscrire notre lagon sur sa liste indicative.
Les études à mener seront longues pour établir une description minutieuse du lagon encore si mal connu. Il faudra aussi mettre sur pied un plan de gestion qui brossera toutes les questions liées à sa préservation. Et tant d’autres démarches.
On est encore très loin de la concrétisation de l’idée. Mais cette campagne électorale européenne aura au moins eu le mérite de faire surgir un projet à long terme pour notre département, capable de rassembler largement et d’ouvrir les consciences. Younous Omarjee ne se lasse jamais de citer l’exemple du lagon de Nouvelle-Calédonie qui a changé le regard porté sur ce territoire. Pour lui, pas de doute, le lagon mahorais au patrimoine mondial «participerait au rayonnement mondial de Mayotte.»
RR
Le Journal de Mayotte
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