L’inquiétude sur la propagation de la dengue a fait passer au second plan médiatique les cas de leptospirose. Pourtant, on comptait déjà, fin avril 2014, plus de malades que durant toute l’année 2013. Et tout le monde est concerné.
On a probablement atteint le pic 2014 de la leptospirose. Avec la fin de la saison des pluies, le nombre de nouveaux cas pourrait décroitre dans les semaines à venir. C’est une bonne nouvelle car à la fin du mois d’avril, le nombre de malades recensé dépassait déjà les 78 cas de 2013. Cette année devrait tout de même rester très en deçà du record atteint en 2011 avec 171 personnes diagnostiquées.
La leptospirose est une maladie bactérienne qui est transmise par l’urine des rats mais aussi des zébus, des chiens et des chèvres. Les déjections des animaux contaminent le sol et se diluent sur de grandes surfaces avec les pluies. C’est alors que la transmission à l’homme peut se produire. «Il suffit qu’une plaie aussi minuscule qu’une piqure de moustique entre en contact avec la bactérie, pour être contaminé», précise Sabine Henry, médecin à l’Agence régionale de Santé (ARS).
Une métropolitaine a ainsi contracté la maladie en cueillant des papayes dans son jardin. Certaines avaient été grignotées par des rats et la patiente n’avait pas prêté attention à une petite coupure à la main par laquelle les leptospires ont pénétré son organisme.
La moitié des malades ont moins de 15 ans
La contamination peut aussi se faire par un contact de l’eau souillée avec la bouche, le nez ou les yeux, pendant une baignade dans une rivière par exemple. Les personnes qui contractent la maladie sont donc souvent des enfants qui jouent pieds nus dans les flaques ou les cours d’eau. Les moins de 15 ans représentent d’ailleurs près de la moitié des personnes concernées cette année à Mayotte. Et ce sont surtout les hommes qui tombent malades, car la maladie concerne particulièrement ceux qui travaillent la terre.
Fait marquant de cette année, les zones urbaines sont concernées, comme à Majicavo, Mtsapéré ou Kawéni. «A Mamoudzou, il est difficile de faire la part des choses entre ceux qui l’ont contracté à la campagne et ceux qui ont été contaminé dans les villages», explique Aboubacar Achirari de l’Agence régionale de Santé (ARS).
Une étude publiée par l’agence en 2011, laissait tout de même entrevoir un profil type du malade, qui habite une maison avec un sol en terre battue ou en vinyle, avec un point d’eau ou une rivière à proximité.
Une maladie qui doit être traitée
Les signes de la maladie apparaissent une ou deux semaines après la contamination. Il s’agit d’une fièvre élevée, des douleurs musculaires ou articulaires avec de forts maux de tête. Les symptômes de la maladie s’apparentent donc à une forte grippe souvent bénigne mais ils peuvent se révéler également beaucoup plus graves. Des atteintes du foie, des reins ou du système nerveux peuvent être constatés.
A Mayotte, deux patients sont décédés l’an dernier mais ils étaient également porteurs d’autres pathologies. Pas de victimes heureusement cette année, mais plusieurs hospitalisations : les formes graves concernent essentiellement des personnes qui tardent à consulter. Car la maladie se soigne avec des antibiotiques et généralement, la convalescence est longue mais sans séquelles.
Des connaissances encore incomplètes
Des études ont été entreprises pour affiner les connaissances sur la maladie dans les régions tropicales concernées. Ainsi à Mayotte prochainement, un travail sera mené par l’ARS et l’Institut Pasteur de Madagascar par des chercheurs qui étudieront des rats contaminés. Et pourquoi ne pas espérer la mise au point d’un vaccin efficace qui fait encore défaut ?
Les bactéries sont très résistantes. Dans l’eau ou la boue, on peut encore en trouver bien après la fin de la saison des pluies. Moralité, ne marchez pas pieds nus et prenez garde à vos petites plaies.
RR
Le Journal de Mayotte