Europe : mangera-t-on du poulet chloré ?

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Un sujet s’invite dans la campagne européenne et enfle : un accord américano-européen est en négociation sur de nouvelles normes sanitaire et de santé.

Younous Omarjee au Parlement européen (D.R.)
Younous Omarjee au Parlement européen (D.R.)

L’éloignement à la fois géographique et politique fait craindre une forte abstention dans les Outre-mer pour ces élections européennes du 25 mai. C’est pourquoi les différents partis s’évertuent à expliquer les mécanismes européens et sensibiliser sur les enjeux.

Il en est un qui s’invite dans la campagne et qui peut bouleverser durablement le paysage économique mondial en général, et les Outre-mer en particulier : c’est l’accord de libre échange que l’Union européenne négocie actuellement avec les Etats Unis, connu sous le doux nom de TAFTA, Traité de libre échange Transatlantique en français.

Le député européen du Front de gauche Younous Omarjee rappelle que cet accord avait été négocié en secret dans les années 90, mais que, « jugé trop favorable aux multinationales, il avait été abandonné ». Le tableau est dressé.

Car la Commission européenne et les responsables américains se réunissent depuis de nombreux mois « à huis clos », « dans notre dos », indiquent la plupart des sources d’information, pour débattre des règles qui régiraient ce grand espace d’échanges commerciaux.

Il vise à « mettre un terme aux barrières environnementales, sociales ou sanitaires (…) notamment l’accès aux produits OGM, à l’hormone de croissance pour le bétail, le clonage des animaux ou les produits endocriniens. Sommes-nous prêt dès demain à manger du poulet lavé à l’eau de Javel ? », interpelle Younous Omarjee, qui, avec le Front de gauche et Europe Ecologie les Verts rejoint la position du Front national pour dénoncer « une modification de la face de l’Europe et du monde ».

Les USA, 3ème exportateur vers Madagascar
Boeufs
Un débat orchestré selon eux par les multinationales, « qui pourraient ensuite attaquer en justice les Etats pour toutes normes qu’elles jugeraient discriminatoires ».

Pour les socialistes, le débat qui enfle est une récupération à la veille des européennes, « un déchaînement de fantasmes », alors qu’il pourrait au contraire imposer les normes américano-européennes comme normes mondiales, « sinon ce sera Pékin et les émergents qui fixeront les leurs», met en garde l’eurodéputé socialiste Henri Weber dans Libération.

On y apprend aussi que des pare-feux existent puisque cet accord devra être voté par le Parlement européen à la majorité absolue, ratifié à l’unanimité par les Etats membres et adopté par les 28 parlements nationaux. L’UMP est favorable au texte mais, comme le PS, demande des garanties, et menace d’un blocage si l’accord n’avantage pas l’Union européenne. Rappelons que plusieurs socialistes de Mayotte soutiennent la liste Omarjee, ce qui les place sur ce sujet dans une position inconfortable.

Un accord qui est donc agité par les uns et les autres, sûrs de sensibiliser au fait européen habituellement peu séduisant. Le débat se répand, alimenté par la montée d’un antiaméricanisme, accusés que sont nos voisins transatlantiques de beaucoup de maux, surtout celui de l’étincelle de la crise mondiale avec la faillite de la banque Lehman Brothers.

Younous Omarjee prévient les Outre-mer d’un danger en cas de signature du TAFTA, « ils se verraient inondés de produits de mauvaises qualités au détriment des producteurs locaux », tout en rappelant que les Etats-Unis sont le troisième pays exportateur vers Madagascar.

« Nous ne sommes PAS des Euroaméricains » conclut-il.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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