Le coup de couteau qui déchire un amour passionnel

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CARNET DE JUSTICE DU JDM. L’histoire d’amour était passionnée, passionnelle jusqu’à la violence. Elle s’est terminée tragiquement, un soir, par l’hospitalisation de l’homme après une ultime dispute. Admis en urgence au CHM entre la vie et la mort, il va se remettre doucement de cette soirée mais le certificat mentionnant 34 jours d’ITT permet, trois ans après les faits, de garder la mémoire de la gravité des blessures.

Porte de la salle d'audience du TGI de MamoudzouLa scène se passe le 25 janvier 2011 au domicile du couple. Ils sont ensemble depuis un an mais leur relation est loin d’être paisible. Le couple est familier des disputes, des éclats de voix, des claques qui fusent. Ce soir-là, il lui passe un coup de fil alors qu’elle boit l’apéro chez une amie, deux martinis. Il lui demande de rentrer à la maison car il affirme avoir été interpellé par la gendarmerie. Elle ne comprend qu’il s’agit une mauvaise blague que vers 23h quand il rentre chez eux, après avoir visiblement ingurgité «une quantité certaine d’alcool».

La dispute de trop

Elle explose de colère, il lui colle une baffe pour la calmer ce qui produit l’effet strictement inverse. La dispute se transforme en bagarre. Coups de poing, coups de pieds, il la saisit à la gorge, elle se défend et finit par attraper quelque chose sur le plan de travail de la cuisine. Elle affirme ne pas savoir quel objet se trouve alors dans les mains mais elle s’avance vers lui et tend le bras. Il est alors évident que c’est un couteau qui entre dans le corps de son ami. Il s’écroule.
L’affaire a un certain retentissement car l’homme hospitalisé est animateur à la radio.

D’abord poursuivie pour tentative de meurtre, la jeune femme se présente finalement à l’audience correctionnelle, ce mercredi matin, pour violences volontaires. Le président rappelle qu’en garde à vue, elle a affirmé s’être sentie en danger face à cet homme qui pouvait être violent. A l’audience, il conteste. Seules trois disputes se sont soldées par une claque. «Je ne suis pas violent par nature», affirme-t-il. «Pourquoi avoir parlé de relation à la Bertrand Canta ?», demande le président Rieux, une référence au leader du groupe Noir Désir condamné après la mort de sa compagne Marie Trintignan ? «Je voulais juste évoquer les disputes régulières», répond-il. Mais peut-être aussi, la relation de dépendance dans laquelle était tombée la jeune femme de 20 ans sa cadette.
«Si je veux être honnête, je dirais qu’on est deux victimes», affirme-t-elle, lui pour le coup de couteau qu’il a reçu, elle pour la relation qu’il aurait installé.

Impossible de passer à autre chose

Le temps a passé depuis les faits mais ce couple «pathologique» semble encore bloqué dans cette histoire. Bien sûr, depuis trois ans, ils ne se sont pas revus. Lui, était «très angoissé» par cette audience affirme Me Andjilani, son avocat. «Il est sous antidépresseurs, il prend beaucoup de médicaments.» Elle, a refait sa vie. Depuis cinq mois, c’est une jeune maman, changée par sa maternité.
Pourtant, ce qui frappe la procureure est que cet ancien couple est encore loin d’être apaisé. «Il faut trouver une peine qui répare, à la fois la société et l’homme qui a été blessé. Il faut que la décision rende l’histoire définitivement close pour que chacun passe à autre chose.»

Le tribunal condamne la jeune femme à 2 ans de prison avec sursis. «Madame, vous avez failli tuer quelqu’un, explique le président. On a compris les circonstances mais on ne peut pas agir comme ça.» La cour demande la réalisation d’une expertise pour qu’au civil des dommages et intérêts puissent être établis.
Entre eux, pas un mot, pas un regard. L’apaisement n’est pas encore pour tout de suite.
RR
Le Journal de Mayotte

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