L’Installation de Stockage des Déchets non Dangereux (ISDND) ouvre ses portes le 16 juin dans la forêt de Dzoumogné. Le JDM l’a visité dans ses moindres recoins.
Les entreprises s’affairent, les techniciens effectuent les derniers branchements… Mayotte se dote d’un outil moderne et des dernières avancées en matière de préservation de l’environnement.
Ludovic Barthélémy attend dans le véhicule tout terrain. Arrivé au début du mois de novembre 2013, il travaillait déjà pour le groupe Suez Environnement en Normandie sur la fermeture d’une décharge et l’extension d’un ISDND. Il discute avec Thoawilou Hamada, attaché d’exploitation et ancien cadre chez EDM, de l’avancement des travaux : «Là, nous terminons le box d’arrivée des chauffeurs au volant de leur camion pour la déclaration de la catégorie des déchets».
Au départ, on a un peu l’impression de visiter une propriété de 23 hectares avec le fils de famille : des espaces entretenus au cordeau, 9 hectares de forêt, des bâtiments et des véhicules flambants neufs, un parcours piétons en conception pour une ouverture le 10 juillet.
Puis, le site se dessine : la plate-forme de pesée des camions, le portique de test de radioactivité. «Ce sont les premières vérifications de non nocivité des déchets. Nos agents actuellement en formation sur l’ISDND de La Réunion vieux de 20 ans, sauront accepter ou non les déchets».
Et ce sera photo à l’appui au dessus du casier, «on passe du ‘tout permis’ au ‘tout européen’». Et c’était seulement hier en métropole, «en 1992 où il y avait des décharges à ciel ouvert comme ici».
Le camions vont donc déverser leur odorant chargement dans la première alvéole (premier triangle) du premier casier. «La seconde recueille les eaux non polluées, après filtration». On ne voit évidemment pas la couche souterraine des 25 mètres d’argile, mais les 3 membranes du revêtement imperméable qui se terminent par du géotextile vert traité anti UV.
Une fois les déchets déversés, le compacteur va broyer et mélanger l’ensemble. Lorsque ce niveau sera plein, «dans 10 ans environ», il sera refermé «avec des matériaux imperméables et de la terre végétale». Et l’ensemble montera d’un étage, puis idem 20 ans après pour atteindre trois étages.
Les gaz et biogaz dégagés par les déchets seront valorisés en 2017 «pour produire de l’électricité», mais en attendant, « ils seront brûlés au moyen d’une torchère». Deux techniciens spécialisés en effluents gèrent le circuit, «je suis le seul métro, l’exigence du SIDEVAM portait sur le recrutement de compétences locales que nous avons trouvées facilement», souligne Ludovic Barthélémy.
L’assurance anti-pollution est donnée par les 5 piézomètres : «quatre sont placés. Ils descendent à 60 mètres pour nous permettre d’analyser les eaux souterraines». Au loin, la retenue collinaire de Dzoumogné, approvisionnée par plusieurs captages proches de l’ISDND.
Les déchets liquides sont interdits mais des «jus de décharge» (lixiviats) sont souvent présents : «ils seront traités dans des bassins où on va les oxygéner, les traiter avant de les renvoyer dans nature.»
Le compacteur aux dernières normes attend son jour de gloire le 16 juin, «ses deux chauffeurs sont actuellement en formation».
Les dix caméras de surveillance sont à poste, «pour éviter toute intrusion». Seulement neuf personnes travailleront sur ce site immense, «mais avec beaucoup d’intervenants extérieurs».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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